Présentation au Parti néo-démocrate par le Président de l'Association médicale canadienne, le Dr John Haggie
Présentation
Présentation au Parti néo-démocrate par le Président de l'Association médicale canadienne, le Dr John Haggie.
Dr John Haggie
Président
Ottawa, Ontario
Le 17 mai, 2012
OTTAWA, le 17 mai 2012 /CNW/ -
Je vous remercie de nous avoir permis de vous rencontrer aujourd'hui.
Le projet de loi C-38 touche à beaucoup de domaines et nous sommes heureux d'avoir l'occasion d'en discuter.
Tout d'abord, permettez-moi de vous rappeler que l'Association médicale canadienne est depuis toujours résolument non partisane. Nous avons pour mission de défendre, sur la scène nationale, les normes les plus élevées de santé et de soins de santé.
Dans un projet de loi de si grande envergure, je pourrais aborder un grand nombre de sujets. Dans le temps dont je dispose, cependant, mon bref commentaire portera sur trois thèmes :
premièrement, les éléments qui sont clairement mentionnés dans le projet de loi;
deuxièmement, les éléments absents qui auraient dû être abordés;
troisièmement, ce que je pourrais qualifier d'un manque général de clarté et de consultation au sujet de certains aspects de l'intervention fédérale dans les soins de santé.
Pour commencer, je commenterai une des principales mesures annoncées dans le projet de loi budgétaire.
La décision de relever l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse nous préoccupe énormément.
Pour les nombreuses personnes âgées à faible revenu, attendre deux ans de plus pour recevoir ces prestations relativement modestes aura très certainement des répercussions négatives.
Pour beaucoup de Canadiens plus âgés, dont les problèmes de santé tendent à être plus complexes, la pharmacothérapie est vitale. Or, nous savons que déjà, ils sont nombreux à ne pas avoir les moyens de se procurer leurs médicaments.
Éroder le filet de sécurité social du Canada imposera très certainement des choix difficiles aux aînés de demain : choisir entre acheter son épicerie ou acheter ses médicaments.
Je crois que l'on peut affirmer sans se tromper que la décision du gouvernement ne résisterait pas à l'analyse coûts-bénéfices.
Les gens qui ne prennent pas régulièrement leurs médicaments, qui n'ont pas un régime alimentaire nutritif ou qui ne chauffent pas adéquatement leur foyer, seront encore plus malades qu'ils ne le sont déjà.
Au final, cela alourdira le fardeau qui pèse déjà sur notre système de santé.
Permettez-moi maintenant de vous parler de quelques points que nous espérions voir dans le budget, mais qui n'y sont malheureusement pas.
Comme nous le savons tous, le ministre des Finances a annoncé les plans du gouvernement concernant le Transfert canadien en matière de santé en décembre.
L'AMC était optimiste quand le ministre de la Santé a ensuite parlé de collaborer avec les provinces et les territoires en vue d'élaborer des mesures d'imputabilité pour ce financement.
Nous attendons impatiemment la mise en œuvre de ce plan d'imputabilité pour les 446 milliards de dollars de transferts fédéraux pour la santé, au moins, qui seront versés aux provinces et aux territoires au cours des 12 prochaines années.
En 2008 et en 2009, l'indice Euro-Canada de consommation de services de santé a classé le Canada au dernier rang parmi 30 pays pour l'optimisation des ressources consacrées aux soins de santé.
Nous croyons que le gouvernement fédéral devrait tirer parti de ses dépenses en soins de santé pour transformer le système.
Il pourrait entre autres introduire des incitations, des objectifs mesurables, des mesures et des paramètres pancanadiens qui permettraient d'établir un lien entre les dépenses en soins de santé et des résultats de santé comparables.
Cela reconnaîtrait aussi que le gouvernement fédéral est lui-même la cinquième administration en importance dans le secteur des soins de santé au Canada.
Nous croyons que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la réalisation de ce changement et que le transfert de milliards de dollars du gouvernement fédéral en l'absence de leadership se fait au détriment des Canadiens.
Ce budget représente donc une occasion perdue de trouver des moyens de transformer le système de santé et d'aider les Canadiens à obtenir une meilleure valeur et de meilleurs soins pour l'argent qu'ils dépensent en soins de santé.
L'autre pièce importante qui manque au puzzle budgétaire est toute initiative visant à établir une stratégie pharmaceutique nationale.
La mise en œuvre d'une stratégie pharmaceutique qui permettrait d'assurer une couverture uniforme et un approvisionnement fiable dans tout le pays est en suspens depuis huit ans.
L'accès universel aux traitements pharmaceutiques demeure l'exemple le plus flagrant d'iniquité dans notre système de santé.
J'aimerais souligner le fait que le Comité sénatorial des affaires sociales a également recommandé, dans son récent rapport sur l'Accord de 2004 sur la santé, la mise en œuvre d'une telle stratégie.
J'en viens maintenant au troisième point, qui porte sur un manque général de clarté en ce qui concerne certains aspects des responsabilités du gouvernement fédéral relativement aux soins de santé.
Depuis le dépôt du budget, le gouvernement fédéral a annoncé des réductions de 100 millions de dollars au Programme fédéral de santé intérimaire et l'arrêt du financement versé à l'Organisation nationale de la santé autochtone.
Pour autant que nous sachions, personne n'a été consulté sur ces changements, et comme ils ne figurent pas dans le projet de loi budgétaire, il n'y a aucune possibilité de débattre de leurs conséquences potentielles sur la santé des Canadiens.
Nous sommes également incertains de l'impact que ces changements peuvent avoir sur la prestation de services à Anciens Combattants Canada, sur les programmes de santé mentale au ministère de la Défense nationale et sur les plans de consolidation de certaines fonctions à Santé du Canada et à l'Agence canadienne de santé publique.
Ce budget comporte beaucoup d'inconnus et ce sont là des questions vitales qui méritent d'être étudiées sérieusement.
Le gouvernement s'est engagé à ne pas équilibrer le budget sur le dos des provinces, mais il semble y avoir une tendance à refiler les coûts des soins de santé à des groupes de clients fédéraux ou aux provinces et territoires, ou aux particuliers.
Comme nous l'avons vu dans le passé, refiler les coûts n'est pas la même chose que réduire les coûts.
En fait, lorsque la santé est compromise, les coûts sont inévitablement plus élevés, à la fois en dollars et en souffrance humaine.
Merci.
Renseignements:
Lucie Boileau
Conseillère principale, Communication et Rayonnement public
Association médicale canadienne
1867, Alta Vista Dr. Ottawa ON K1G 5W8
613 731-8610 - 800 663-7336 poste 1266
Cell.: 613 447-0866
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