Peter Routledge, surintendant, participe à une table ronde organisée par le CCNID et PRI (ONU) sur la communication d'informations sur la durabilité au Canada English
TORONTO, le 26 nov. 2025 /CNW/ - Le 25 novembre 2025, le surintendant Peter Routledge a participé à une table ronde sur la communication d'information sur la durabilité au Canada, organisée par le CCNID et PR (ONU), à Toronto, en Ontario.
L'allocution prononcée fait foi
Animateur :
Il y a quelques jours, le BSIF a publié un rapport concernant les relevés sur les risques climatiques, offrant des perspectives sur l'état des données climatiques et leur impact sur la stabilité financière des institutions financières canadiennes. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous entendez, aux échelles nationale et internationale, concernant la communication d'informations sur la durabilité, les données et la capacité de résilience face aux risques climatiques?
Surintendant Peter Routledge :
- La publication du rapport du BSIF concernant les relevés sur les risques climatiques constitue une étape clé pour renforcer la capacité du système financier canadien à mesurer les risques liés au climat et à communiquer de l'information à cet effet. Pour la première fois, les grandes banques et compagnies d'assurance ont communiqué des données détaillées sur leurs expositions aux risques physiques et de transition -- reliant les risques climatiques aux indicateurs de crédit, de marché et d'assurance, et les intégrant à la gouvernance et à la gestion du risque. Ces données sont soumises au BSIF uniquement à des fins de surveillance - les institutions ne sont pas tenues de les rendre publiques.
- Si cela représente un progrès, le rapport met également en évidence des lacunes persistantes en matière de disponibilité, de granularité et de cohérence des données -- des enjeux communs à l'échelle mondiale. C'est pourquoi cette première étape est importante : elle permet d'établir une infrastructure de données prudentielle visant à passer de la communication de renseignements anecdotiques à celle d'informations mesurables, posant les bases pour l'ensemble des institutions financières fédérales d'ici 2026.
- À l'échelle internationale, on observe un élan en faveur de l'uniformisation des cadres de communication en matière de durabilité. L'approche du BSIF, qui correspond à celle du Conseil canadien des normes d'information sur la durabilité et du conseil des normes internationales d'information sur la durabilité, soutient la communication d'informations comparables à l'échelle mondiale, utiles pour la prise de décision et intégrées à des rapports financiers.
- Il existe également un large consensus selon lequel les risques climatiques devraient être traités comme des risques financiers -- ce qui se reflète dans le cadre de surveillance du BSIF. L'accès à des données fiables et détaillées est essentiel pour traduire les risques climatiques en indicateurs financiers. Le rapport du BSIF concernant les relevés sur les risques climatiques, les travaux sur les scénarios de la Banque du Canada et les normes du CCNID sont des éléments complémentaires d'un système qui relie science, finance et supervision.
- Je tiens aussi à souligner que le Canada fait figure de chef de file dans ce domaine - personne d'autre au monde n'a encore procédé ainsi. Cet exercice dote notre secteur d'un atout unique et peut servir de référence à ceux qui veulent intégrer le risque climatique à la stabilité financière.
Animateur :
Avec l'entrée en vigueur cette année, dans le cadre de la ligne directrice B-15, de certaines attentes en matière de communication d'informations sur le climat visant les institutions de dépôt de petite et moyenne taille ainsi que d'autres assureurs, comment le BSIF soutient-il les institutions pour les aider à respecter ces attentes, et quels sont les avantages de communiquer ces informations du point de vue de ces institutions, ainsi que de l'écosystème financier dans son ensemble?
Surintendant Peter Routledge :
- La mise en œuvre de la ligne directrice B-15 constitue une partie essentielle de la stratégie plus large du BSIF visant à renforcer la résilience climatique dans l'ensemble du système financier canadien. Nous reconnaissons qu'il peut être difficile pour les institutions de plus petite taille de développer les capacités et d'accéder aux données et au savoir-faire nécessaires.
- C'est pourquoi le BSIF adopte une approche à la fois prudentielle et pragmatique. Nous avons engagé un dialogue direct avec les institutions par le biais de séances d'information techniques et de discussions bilatérales afin de clarifier les attentes et de fournir des orientations. Nous avons renforcé les capacités avant de présenter nos attentes en matière de communication à toutes les institutions afin de nous assurer qu'elles disposent des outils et des connaissances nécessaires pour s'exécuter. Cette approche proactive devrait inspirer les autres à l'international. Nous veillons également à ce que notre approche de surveillance demeure proportionnée, en tenant compte de la diversité des institutions pour ce qui est de la taille, de la complexité et des profils de risque.
- La communication de ces informations ne constitue pas un simple exercice de conformité -- elle représente un levier stratégique. En intégrant les risques climatiques à la gouvernance, à la gestion du risque et à l'analyse de scénarios, les institutions obtiennent une vision plus prospective de leurs expositions. Elles sont en mesure de cerner les concentrations de risque, de tester la résistance de leurs portefeuilles et de prendre des décisions plus éclairées en matière de tarification, de prêts, de souscription et d'affectation des fonds propres.
- À l'échelle du système, les communications d'informations prévues en vertu de la ligne directrice B-15 contribuent à bâtir l'architecture de données d'un écosystème financier plus transparent et mieux informé. Elles favorisent une meilleure tarification des risques, une affectation des fonds propres plus efficace et, ultimement, un système financier plus stable, capable de résister aux effets croissants des changements climatiques.
- Nous savons qu'il s'agit d'un travail de longue haleine et le BSIF s'engage à accompagner les intervenants du secteur de manière collaborative tout au long du processus, dans le but précis de renforcer la résilience et la stabilité financière.
Animateur :
En septembre, l'AMF et le BSIF ont publié des observations découlant de l'exercice normalisé d'analyse de scénarios climatiques. Pouvez-vous nous parler un peu de la manière dont les institutions fédérales abordent les risques liés au climat et se préparent à les surmonter?
Surintendant Peter Routledge :
- La publication des observations découlant de l'exercice normalisé d'analyse de scénarios climatiques (ENASC), réalisé avec l'Autorité des marchés financiers, constitue une étape majeure pour comprendre comment les institutions financières fédérales se préparent aux risques climatiques.
- Avant cet exercice, la plupart des institutions avaient une expérience limitée en matière d'analyse de scénarios climatiques, de géocodage et d'utilisation des cartes de risques d'inondation et d'incendie de forêt. Par exemple, seulement 15 % des institutions de dépôt, 23 % des assureurs vie et 56 % des assureurs multirisques ont déclaré avoir déjà utilisé ce type de cartes. En appliquant des cadres normalisés, l'ENASC a contribué au développement de capacités fondamentales, permettant aux institutions d'évaluer et de mesurer les risques climatiques de manière plus cohérente. Apprendre à évaluer le risque de manière empirique constitue la première étape réelle vers sa mesure.
- Cette initiative, unique en son genre, a mobilisé plus de 250 institutions dans les secteurs bancaire et assurantiel. Les résultats ont montré que les institutions peuvent absorber les pertes liées au climat à court et moyen terme. Toutefois, à long terme, les risques physiques s'intensifieront de manière non linéaire, où de petites augmentations de température pourraient provoquer des effets disproportionnés -- en particulier pour les institutions présentant des expositions concentrées.
- L'exercice a également mis en évidence certaines possibilités d'amélioration. Les institutions doivent davantage intégrer les risques climatiques à leurs fonctions opérationnelles essentielles, notamment la souscription, la planification stratégique et la gestion du risque d'entreprise.
Animateur :
On entend beaucoup parler des risques liés à la durabilité. Pourtant, le Canada se trouve à un moment charnière. Notre économie riche en ressources nous offre l'occasion de jouer un rôle de chef de file à l'échelle mondiale dans la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. En juin, l'Agence internationale de l'énergie (en anglais seulement) a rapporté que cette année, les investissements dans les technologies propres (2,2 billions de dollars) devraient représenter le double de ceux dans les technologies reposant sur l'utilisation de combustibles fossiles (1,1 billion de dollars). J'aimerais entendre chacun de nos panélistes à ce sujet. En ce moment crucial, comment votre organisation aide-t-elle le Canada à rester compétitif afin de tirer parti de la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone? Comment votre institution s'adapte-t-elle aux vents contraires externes tout en restant concentrée sur l'essentiel pour soutenir les organisations - qu'il s'agisse de communications d'informations, d'une taxonomie canadienne, de la planification de la transition ou d'autres sujets?
Surintendant Peter Routledge :
- Au BSIF, notre rôle n'est pas de définir les politiques relatives au climat, mais de veiller à ce que les institutions financières soient en mesure de gérer les risques et de comprendre comment ceux-ci affectent la sécurité, la solidité et la stabilité du système financier. Parallèlement, nous devons équilibrer nos approches afin que les institutions puissent saisir les occasions que présente cette transition.
- Nous aidons les institutions à renforcer leurs capacités pour leur permettre de mesurer avec précision les risques liés au climat et d'en déterminer le coût. Grâce à des initiatives telles que la ligne directrice B-15, l'exercice normalisé d'analyse de scénarios climatiques et les relevés sur les risques climatiques, nous jetons les bases d'approches cohérentes et fondées sur les données à l'appui de la quantification des risques.
- Nous voyons également un potentiel dans l'élaboration d'une taxonomie climatique propre au Canada. Une taxonomie bien conçue pourrait aider les institutions à mieux comprendre et classifier les activités économiques en fonction de leur impact environnemental. Elle favoriserait également des évaluations du risque plus éclairées et pourrait influer sur l'affectation des fonds propres par l'entremise de pondérations de risque différenciées, un aspect que nous surveillons de près, y compris la manière dont d'autres administrations, comme l'Australie, s'y prennent.
- En fin de compte, notre objectif est de faire en sorte que les institutions financières canadiennes soient non seulement résilientes aux risques climatiques, mais aussi bien positionnées pour soutenir la transition vers une économie carboneutre et en bénéficier. Il s'agit d'un défi, mais aussi d'une occasion d'innover, d'investir et de s'imposer comme chef de file.
SOURCE Bureau du surintendant des institutions financières

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