Le surintendant Routledge participe à un entretien informel dans le cadre de la conférence « Future of Insurance » de Reuters English
TORONTO, le 25 nov. 2025 /CNW/ - Le lundi 24 novembre 2025, le surintendant Peter Routledge a participé à une discussion informelle lors de l'événement Reuters Future of Insurance à Toronto, en Ontario.
L'allocution prononcée fait foi
Animateur :
En 2021, au moment où vous avez été nommé au poste de surintendant, les risques climatiques, le risque lié à l'innovation numérique et le risque lié aux tiers constituaient les risques les plus importants pour le BSIF. Maintenant que quatre années se sont écoulées depuis, quels sont les risques qui vous préoccupent le plus?
Surintendant Peter Routledge :
- Dans le Regard annuel sur le risque de 2025 du BSIF, les menaces à l'intégrité et à la sécurité font partie des grandes priorités sur le plan de la surveillance. L'instabilité géopolitique, la rapidité des avancées technologiques et la dépendance à l'endroit de tiers rendent les institutions financières vulnérables aux cyberattaques, à l'ingérence étrangère et au risque lié à l'intégrité. Ces menaces sont bien réelles, et elles visent à perturber la confiance et la stabilité financière. En effet, le risque lié à l'intégrité et à la sécurité peut exposer les banques et les assureurs à des pertes financières, et porter atteinte à leur réputation.
- Nous avons tous pu constater que les attaques par rançongiciels, les fuites de données et les activités liées à des États sont en hausse. Il faut aussi noter que l'IA a comme effet d'accélérer le rythme de ces menaces et d'en accroître l'ampleur.
- Le BSIF a comme mandat de guider les institutions afin qu'elles demeurent résilientes. Ce mandat n'a jamais été aussi pertinent qu'à l'heure actuelle, en raison de l'augmentation des risques géopolitiques et de l'évolution constante du risque lié à l'intégrité et à la sécurité, que l'on pense aux droits de douane, au protectionnisme commercial ou à l'incertitude générale qui prévaut sur les marchés mondiaux. Tout comme d'autres institutions gouvernementales, le BSIF est lui aussi exposé à ces risques. En conséquence, nous renforçons les mesures prises et les ressources qui y sont consacrées pour y faire face. Nous sommes confrontés au même défi.
Animateur :
L'IA est source de risques, mais elle offre aussi des possibilités pour le système financier. Quelle est l'approche adoptée par le BSIF à l'égard de l'intelligence artificielle, que ce soit dans le cadre de ses activités de surveillance ou dans ses attentes quant à la manière dont les institutions financières doivent exercer une gestion responsable de l'IA?
Surintendant Peter Routledge :
- L'IA, si elle est utilisée de façon responsable, représente un outil puissant. Elle peut permettre d'améliorer la productivité et de réaliser des gains d'efficience, à la fois pour les institutions financières et pour le BSIF lui-même.
- Cependant, l'IA accroît plusieurs types de risques, tant à l'interne qu'à l'externe. À l'interne, l'IA peut soulever notamment un risque de modélisation, un risque opérationnel, un risque juridique et un risque d'atteinte à la réputation. À l'externe, on note que les acteurs malveillants utilisent de plus en plus des outils reposant sur l'IA pour mettre en œuvre des cybermenaces et commettre des actes de fraude financière et d'ingérence géopolitique.
- L'IA est l'une des composantes du risque lié à l'intégrité et à la sécurité faisant l'objet des travaux d'évaluation menés par le BSIF. Le BSIF étudie l'incidence de l'IA sur la résilience financière des institutions et sur leurs profils de risque opérationnel, de cyberrisque et de risque lié à l'intégrité et à la sécurité.
- J'estime que le risque lié à l'IA émane principalement de l'environnement externe, et je pense que les institutions ne doivent pas hésiter à recourir à l'IA, particulièrement dans des domaines comme la détection de la fraude et la cybersécurité. Il faut toutefois que la gouvernance institutionnelle et les contrôles connexes évoluent à l'avenant. Bon nombre de nos institutions sont à l'avant-garde au chapitre de l'adoption responsable de l'IA, comme en témoignent les indices sur l'IA produits par Evident pour les banques et les sociétés d'assurance.
- À l'interne, le BSIF tire parti de l'IA et en élargit l'utilisation pour soutenir ses travaux de surveillance et d'analyse ainsi que ses activités internes. Notre approche repose sur la responsabilisation, l'explicabilité et la sécurité des données : de cette manière, nous nous assurons de mener nos efforts d'innovation au moyen de ces technologies sous le signe de la responsabilité et de l'efficacité.
Animateur :
Pouvez-vous nous donner une vue d'ensemble des principes qu'a établis le BSIF pour favoriser une adoption responsable de l'IA dans le secteur financier? Comment les banques et les sociétés d'assurance peuvent-elles recourir à l'IA tout en gérant adéquatement les risques connexes?
Surintendant Peter Routledge :
- Le principe qui me guide est « D'abord, ne pas nuire ». Nous devons accorder une certaine marge de manœuvre aux institutions afin qu'elles puissent innover, tout en demeurant vigilants en vue d'identifier et de traiter les risques importants dès qu'ils se manifestent.
- L'IA a le potentiel d'augmenter la productivité, tant celle des institutions que nous réglementons que la nôtre. À l'interne, nous utilisons des données et des outils d'IA dans des cas d'utilisation ciblés. Je compare souvent l'IA à l'Internet : elle va changer le fonctionnement des services financiers, et son adoption se fera à un rythme rapide.
- Pour les institutions financières, l'IA soulève différents risques opérationnels. Cela explique pourquoi la gouvernance, la surveillance et la responsabilisation revêtent une telle importance.
- Les discussions tenues en 2022 dans le cadre du Forum sur l'intelligence artificielle dans le secteur des services financiers (FIASSF) ont pavé la voie à l'établissement des principes EDGE (explicabilité, données, gouvernance et éthique) :
- Explicabilité - Les institutions financières doivent être en mesure d'expliquer comment un modèle d'IA en arrive à la prise d'une décision. Il s'agit d'une condition essentielle pour établir un lien de confiance avec les clients et les parties prenantes.
- Données - Pour que les modèles d'IA puissent produire des résultats fiables et exacts, il est nécessaire d'utiliser des données de grande qualité, fiables et faisant l'objet d'une régie adéquate. L'intégrité des données sous-jacentes est un aspect fondamental de tout système d'IA responsable.
- Gouvernance - Les institutions ont besoin d'un cadre de gouvernance robuste pour gérer les risques et les responsabilités associés à l'IA. Il faut notamment compter sur une définition claire des rôles et des responsabilités, et exercer une surveillance appropriée tout au long du cycle de vie de l'IA.
- Éthique - Les institutions financières doivent tenir dûment compte des retombées sociétales plus larges de leurs systèmes d'IA, de même que de facteurs comme la transparence, la protection des renseignements personnels, les biais et l'équité.
- Nous continuons de collaborer avec le Global Risk Institute ainsi qu'avec le secteur dans le contexte de la deuxième édition du FIASSF. Ces échanges nous aident à définir des principes permettant d'assurer une utilisation responsable de l'IA, notamment sur le plan de la transparence, de l'équité, de la sécurité et de la responsabilisation.
Animateur :
Au cours des dernières années, le BSIF a accordé une grande importance aux risques climatiques, que l'on pense à des initiatives comme la ligne directrice B-15, les relevés sur les risques climatiques et l'exercice normalisé d'analyse de scénarios climatiques. Ultimement, qu'est-ce que le BSIF tente d'accomplir grâce à ces efforts, et comment sa conception des risques climatiques a-t-elle évolué?
Surintendant Peter Routledge :
- Les risques climatiques peuvent avoir des répercussions financières susceptibles d'influer sur la stabilité et la résilience du système financier canadien. Il s'agit de risques complexes, à long terme et entourés d'incertitude. Ces risques doivent être évalués avec plus de précision afin que les conseils d'administration et les hauts dirigeants puissent les intégrer aux stratégies d'affaires et aux cadres de gestion du risque de leurs institutions.
- La ligne directrice B-15, l'exercice normalisé d'analyse de scénarios climatiques (ENASC) et les relevés sur les risques climatiques sont autant d'éléments qui permettent aux assureurs de renforcer leurs capacités à quantifier les risques.
- À titre d'exemple, les relevés sur les risques climatiques constituent un volet clé de ces travaux préparatoires, car ils aident à recueillir des données normalisées auprès des institutions financières, données qui aideront ensuite ces dernières à mieux quantifier et mesurer les risques climatiques. Nous avons publié un rapport au sujet des relevés sur les risques climatiques, et nous avons apporté des mises à jour aux relevés la semaine dernière.
- Toutefois, nous savons qu'il reste du travail à faire pour renforcer encore les capacités. On peut souligner notamment que moins de la moitié des sociétés d'assurance multirisque ont déclaré avoir déjà réalisé une analyse de scénarios climatiques axés sur les risques physiques avant la tenue de l'ENASC. La proportion est encore plus faible dans le cas des institutions de dépôt et des assureurs vie.
- Nos travaux ont aussi révélé que, en dehors du secteur de l'assurance multirisque, très peu d'institutions financières procèdent au géocodage de leurs expositions. Il s'agit là d'une lacune importante, à l'heure où les risques physiques liés aux changements climatiques augmentent à la fois en fréquence et en gravité. L'analyse géospatiale est essentielle pour évaluer l'exposition et la vulnérabilité des biens, et pour veiller à ce que ces risques soient évalués avec précision et soient correctement chiffrés.
- Notre réflexion a évolué au cours des dernières années. Par exemple, nous considérons désormais que le risque de catastrophe englobe les risques climatiques et le risque de tremblement de terre. Nous relevons de nombreuses possibilités de synergie et envisageons différents moyens d'appliquer au risque de tremblement de terre ce que nous avons appris dans le cadre de nos efforts pour améliorer la quantification des risques physiques liés aux changements climatiques.
Animateur :
Quelle est la vision du BSIF concernant le secteur de l'assurance pour les trois à cinq prochaines années, et comment va-t-il collaborer avec les organismes de réglementation internationaux à des fins de cohérence à l'égard des risques émergents?
Surintendant Peter Routledge :
- La vision du BSIF à l'égard du secteur de l'assurance sur un horizon de trois à cinq ans repose sur la résilience et l'adaptabilité, et elle concorde avec sa vision relative au secteur bancaire. Nous avons modernisé notre Cadre de surveillance afin qu'il suive l'évolution rapide des risques, qu'il s'agisse des menaces à l'intégrité et à la sécurité, de la volatilité climatique ou de l'adoption de l'IA.
- Ensuite, nous considérons que l'innovation responsable est un enjeu primordial. L'IA et les outils numériques vont transformer le secteur de l'assurance, mais la gouvernance et la transparence doivent évoluer parallèlement aux technologies. C'est pourquoi nous consolidons nos capacités de surveillance et collaborons avec l'industrie pour veiller à ce que l'innovation renforce, et non érode, la confiance à l'endroit du système.
- Enfin, il faut considérer que ces défis sont globaux. Les risques climatiques et l'intelligence artificielle n'ont pas de frontières. Donc, le BSIF maintient sa collaboration fructueuse et de longue date avec les organismes de réglementation internationaux et les organismes de normalisation. Grâce à des initiatives comme le Forum sur l'intelligence artificielle dans le secteur des services financiers et les exercices d'analyse de scénarios climatiques, nous harmonisons les principes et nous mettons en commun les pratiques exemplaires pour faire en sorte que le secteur canadien de l'assurance demeure concurrentiel et résilient dans une perspective mondiale.
SOURCE Bureau du surintendant des institutions financières

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