Olymel de Saint-Simon - Marche funèbre pour 5 ans de lock-out
SAINT-SIMON, QC, le 14 oct. 2012 /CNW Telbec/ - Quelques centaines de travailleurs de l'usine Olymel de Saint-Simon, en Montérégie, des invités spéciaux et des sympathisants ont marché en cortège funèbre, cet avant-midi, afin de souligner le 5e anniversaire du lock-out décrété par l'entreprise, le 17 octobre 2007.
Ils ont aussi rendu hommage à leurs dix camarades de travail décédés depuis leur mise à pied forcée. Tout au long du cortège, qui a défilé de l'église à l'usine fermée, des compagnons ont porté dix tombes symboliques. « Est-ce que le boss attend qu'on soit tous morts avant de parvenir à un règlement ? » a lancé Michel Daigle, président du Syndicat des travailleurs d'Olympia (CSN).
Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, a enjoint le gouvernement Marois de dépoussiérer de façon urgente « l'actuelle loi anti-briseurs de grève complètement désuète qui fait constamment pencher le rapport de force en faveur des patrons. Ces derniers peuvent continuer à opérer tout en laissant pourrir les conflits. Cette loi, qui doit être modernisée, ne reflète plus depuis longtemps la volonté qu'avaient les législateurs de l'époque d'équilibrer les forces en présence. Elle fait en sorte qu'Olymel peut continuer à opérer sans coup férir, tout comme d'autres entreprises, telle Acier Leroux de Boucherville, dont les travailleurs sont en lock-out depuis plus d'un mois ».
Solidarité
Faisant allusion à la Journée mondiale pour le travail décent, qui a été soulignée la semaine dernière, Jean Lacharité en a appelé à l'union des travailleuses et des travailleurs, « dont les droits les plus élémentaires sont de plus en plus menacés à coups de lois spéciales, de lock-out et d'autres mesures rétrogrades. Plus que jamais, la solidarité est nécessaire pour affronter et contrer ces assauts antisyndicaux ».
La présidente du Conseil central de la Montérégie, Pierrette Poirier, a assuré les lock-outés d'Olymel de l'appui indéfectible, non seulement de leurs camarades de la région, mais aussi de l'ensemble des syndicats de la CSN. D'ailleurs, de nombreux syndiqué-es provenant de diverses régions ont tenu à se joindre au cortège.
Quant au vice-président de la Fédération du commerce (FC-CSN), à laquelle est affilié le syndicat, David Bergeron-Cyr, il a rappelé qu'un grief déposé par la partie syndicale pour contester la fermeture illégale de l'usine de Saint-Simon est toujours en arbitrage au ministère du Travail. Les auditions se sont poursuivies jusqu'à tout récemment.
Historique
Quand les activités de l'usine battaient leur plein, les 880 salarié-es pouvaient faire fonctionner, sur trois quarts de travail, la salle de découpe à raison de 750 porcs à l'heure. Puis, sans demander de concessions aux travailleurs, Olymel a décidé de fermer ses portes le 20 avril 2007. « Par la même occasion, elle refusait de respecter une lettre d'entente annexée à la convention collective qui l'empêchait de transférer sa production dans une autre usine. Ce faisant, elle faisait fi des décisions rendues par différents tribunaux qui la forçaient à maintenir les activités de découpe dans cette municipalité jusqu'au 30 septembre 2007, date de la fin de la convention collective », a expliqué David Bergeron-Cyr.
Par la suite, dix travailleurs ont été rappelés au travail pour « opérer un entrepôt » à Saint-Simon. Puis, le 17 octobre 2007, devant le refus du syndicat de diminuer leurs conditions de travail, l'employeur a transformé sa fermeture en lock-out. Ce qui a eu pour conséquence de faire perdre l'assurance-emploi aux dix travailleurs précités et aux autres qui allaient être rappelés au travail au cours des mois d'octobre et novembre suivants.
Décisions des tribunaux
En 2009, les trois membres du Conseil arbitral, qui est l'instance d'appel de l'assurance emploi, ont rendu une décision unanime : « Les emplois perdus suite au lock-out n'étaient pas des emplois réguliers et permanents mais des emplois fictifs dans le seul but de permettre à l'employeur d'utiliser son droit de lock-out et faire perdre les prestations aux travailleurs. […] le lock-out était une mise en scène pour affaiblir les travailleurs dans leur volonté de poursuivre les démarches devant les tribunaux. »
La saga s'est poursuivie le 13 février 2009, alors la Cour supérieure a rejeté la requête du syndicat souhaitant qu'Olymel soit reconnue coupable d'outrage au tribunal pour avoir contrevenu à une ordonnance de cette Cour en fermant l'usine définitivement le 20 avril 2007. Le syndicat a contesté cette décision mais la Cour d'appel l'a débouté. La Cour suprême a finalement refusé d'entendre le syndicat.
En attendant la décision de l'arbitre portant sur la contestation de la fermeture de l'usine, les syndiqué-es continuent leur lutte pour retrouver leur emploi et leurs conditions de travail.
SOURCE : CSN
Benoit Aubry, Service des communications de la CSN, 514 704-3297
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