Le surintendant Peter Routledge participe à un entretien informel dans le cadre de la cérémonie de remise des diplômes de la première cohorte internationale à obtenir le titre de surveillant financier agréé English
TORONTO, le 27 oct. 2025 /CNW/ - Le 23 octobre 2025, à Toronto, en Ontario, le surintendant Peter Routledge a participé à un entretien informel dans le cadre de la cérémonie de remise des diplômes de la première cohorte internationale à obtenir le titre de surveillant financier agréé.
L'allocution prononcée fait foi
Animateur :
Le programme d'agrément en surveillance financière (Certified Financial Supervisor ou CFS) met à l'honneur des surveillantes et des surveillants qui sont prêts pour l'avenir. Selon vous, comment va évoluer leur rôle au cours des 10 prochaines années à mesure que l'interrelation et la numérisation des systèmes financiers vont s'intensifier, tandis que la transmission de l'information va encore s'accélérer?
Surintendant Peter Routledge :
- Les technologies viennent chambouler le modèle traditionnel. L'accélération de l'innovation rend les crises inévitables. Vous devez donc être prêts à y faire face.
- Les principes fondamentaux de la surveillance restent les mêmes : les surveillants se sont toujours fiés à leur jugement et à leur capacité d'anticipation et d'adaptation. Ce qui évolue, c'est l'environnement. Aujourd'hui, les risques sont davantage interreliés, les données circulent plus vite et les technologies multiplient les vulnérabilités que nous devons gérer.
- Au Canada, la surveillance s'inscrit depuis longtemps dans une démarche qui est fondée sur des principes et tournée vers l'avenir. Ce qui change, c'est la culture de la surveillance : les surveillants doivent maintenant appliquer les normes prudentielles en tenant compte de risques plus généraux liés à l'intégrité et à la sécurité, et en privilégiant une approche globale axée sur les résultats.
- Les titulaires de l'agrément CFS réunis ici aujourd'hui incarnent ce changement de culture. Vous faites partie de cette nouvelle génération de surveillantes et de surveillants ouverts sur le monde, à même d'évaluer les risques au-delà des frontières et imprégnés d'une culture combinant résilience et possibilité d'innovation.
Animateur :
Ces dernières années, le secteur financier a connu des chocs sans précédent, que ce soit la pandémie, les tensions géopolitiques ou la volatilité des marchés. Quelles sont selon vous les principales leçons à tirer de la manière dont le BSIF a fait face à ces incertitudes, et que signifient-elles pour les dirigeantes et dirigeants de demain, comme nos titulaires de l'agrément CFS?
Surintendant Peter Routledge :
- Nous avons tous dû composer avec une série de chocs hors du commun : une pandémie mondiale, des tensions géopolitiques croissantes et des épisodes de forte volatilité sur les marchés financiers. Ce que j'en retiens, c'est que l'incertitude est la seule constante, et la résilience, le meilleur moyen d'y faire face.
- L'approche du BSIF a toujours consisté à se préparer au pire, à constituer des réserves en période de prospérité et à reconnaître les limites de ses capacités de prévision. Cette logique de résilience, tant financière qu'institutionnelle, nous permet de parer aux imprévus.
- Quand l'économie va bien, acheter une assurance ou renforcer la résilience financière ne coûte pas cher. En cas de crise, c'est tout le contraire -- pensons à la réserve pour stabilité intérieure lors des cycles précédents. Vous devez alors bien vous protéger, et vous dire que la douleur initiale représente un sacrifice pour le bien commun.
- Pour les surveillantes et surveillants de demain, y compris les titulaires de l'agrément CFS ici présents, la leçon est claire : vous devrez agir rapidement, réfléchir stratégiquement et rester concentrés sur les résultats. Au BSIF, c'est ce que nous appelons « toujours aller de l'avant » - ne jamais attendre que les risques se matérialisent pour adapter notre encadrement.
- Une autre leçon à retenir est l'importance de la collaboration. Aucune institution ni aucun organisme de surveillance ne peut gérer seul ces chocs. Nous apprenons de nos homologues à l'échelle mondiale et nous ne nous arrêtons pas aux frontières pour renforcer la culture de la surveillance. En faisant progresser un état d'esprit qui allie vigilance et adaptabilité, les titulaires de l'agrément CFS participent à cette évolution internationale.
Animateur :
L'intelligence artificielle, les actifs numériques et les nouvelles technologies financières transforment le système financier. Comment les organismes de surveillance peuvent-ils promouvoir l'innovation tout en protégeant les consommateurs, en favorisant la productivité et en assurant la stabilité systémique?
Surintendant Peter Routledge :
- Le mandat du BSIF consiste à réglementer et à surveiller les institutions financières fédérales pour assurer leur sûreté et leur solidité. Il ne s'étend pas à la protection directe des consommateurs. « D'abord, ne pas nuire » : voilà mon principe cardinal. Nous devons laisser aux institutions l'espace nécessaire pour innover, tout en gardant l'œil ouvert pour être en mesure de bien détecter et gérer les risques importants dès qu'ils se présentent.
- Les actifs numériques, l'IA et d'autres nouveaux outils offrent tous des perspectives prometteuses sur le plan de la productivité et de l'inclusion, mais ils comportent également des risques. Les organismes de surveillance doivent donc rester lucides pour être en mesure de protéger les consommateurs et la stabilité financière tout en permettant une innovation responsable.
- Au BSIF, « toujours aller de l'avant » signifie aussi moderniser notre processus d'agrément, faciliter l'établissement prudent de nouvelles entités et ne pas entraver l'innovation lorsque les risques sont gérables. C'est ainsi que nous trouvons un équilibre entre résilience et progrès.
- Pour les nouveaux titulaires de l'agrément CFS, cela fait écho à une transformation de la culture de la surveillance à l'échelle internationale. Partout dans le monde, les organismes de surveillance remettent à plat la manière de soutenir l'innovation sans pour autant laisser des risques invisibles s'accumuler. Ils réfléchissent aussi à des moyens d'intégrer l'innovation à leurs activités pour gagner en productivité, autrement dit améliorer efficacité et efficience. Vous faites partie de ce mouvement international, et votre travail influencera la manière dont un encadrement sûr et efficace peut favoriser l'innovation partout dans le monde.
Animateur :
Nous entendons de plus en plus souvent parler de résilience opérationnelle, de cyberrisque et de chocs systémiques. Quelles mesures devraient prendre les organismes de surveillance et les institutions financières pour renforcer la résilience dans un environnement qui ne cesse de se complexifier?
Surintendant Peter Routledge :
- Les cybermenaces, l'instabilité géopolitique et les chocs systémiques nous rappellent que la résilience ne doit pas s'arrêter au bilan des institutions financières, mais faire partie intégrante de leur l'ADN et ainsi se refléter dans la culture, la gouvernance et les activités quotidiennes de l'institution. Les surveillants doivent donc évaluer l'état de préparation des institutions face à ce type de risques, tant sur le plan financier que sur le plan opérationnel. Autrement dit, ils doivent évaluer la résilience des institutions face à des événements générateurs de risques opérationnels, à des cybermenaces et à des chocs systémiques.
- L'avenir de la surveillance, ce n'est pas la détection des risques, c'est le renforcement de la capacité d'adaptation des surveillants face à l'apparition de nouveaux risques. L'efficacité de la surveillance repose sur le jugement, la collaboration et le courage d'intervenir rapidement, même lorsque l'on ne dispose pas de toutes les informations.
- Comme je l'ai dit, acheter une assurance pour accroître la résilience financière coûte vraiment moins cher en période de stabilité économique qu'en période de crise. Dans la foulée de la pandémie de COVID-19, le BSIF a pris de nouvelles mesures réglementaires. Il fallait saisir l'occasion de renforcer le système, et nous l'avons fait avec détermination. Grâce à ces mesures, le système financier canadien est plus résilient que jamais.
- Les surveillants doivent également adopter une culture de perfectionnement professionnel. L'approche de la surveillance fondée sur des principes qui est appliquée de longue date au Canada demeure solide, mais la complexité de l'environnement actuel exige des compétences plus larges, comme la capacité d'établir un lien cohérent entre risques financiers, risques opérationnels, et risques liés à l'intégrité et à la sécurité.
- C'est pour cette raison que l'agrément CFS est si important. Il permet aux surveillantes et aux surveillants de se doter de l'état d'esprit et des outils nécessaires pour faire progresser une culture prudentielle qui est tournée vers l'avenir, fondée sur la confiance et capable de soutenir la résilience dans un environnement en rapide évolution.
Animateur :
Après avoir bénéficié d'une stabilité financière durant des décennies, le Canada est aujourd'hui confronté à des difficultés sans précédent. Le BSIF a récemment annoncé un changement des coefficients de pondération du risque pour stimuler le développement des marchés. Comment peut-il assurer un juste équilibre entre stabilité et développement responsable du secteur financier?
Surintendant Peter Routledge :
- Nous continuons d'évaluer les domaines où des ajustements fondés sur le risque pourraient avoir des effets comparables. Notre objectif n'est pas d'assouplir les normes, mais de veiller à ce que les risques soient gérés avec diligence et en respectant le principe de proportionnalité.
- Comme nous le ferions pour tout changement de politique important, nous examinerons s'il est possible d'ajuster les coefficients de pondération du risque actuels sans compromettre la résilience financière. Nous ne pouvons certes pas stimuler l'économie canadienne d'un coup de baguette magique, mais nous pourrions servir de catalyseur.
- Nous devons étudier attentivement la pondération actuelle du risque pour voir si elle décourage indirectement certains types d'investissements. Son recalibrage peut contribuer à corriger les biais historiques et à influencer favorablement les résultats de manière partielle, mais cela n'est pas suffisant. Pour produire un changement significatif, et par conséquent guider efficacement les institutions, il faudra déployer un arsenal plus large d'outils stratégiques.
- Tout changement éventuel ferait l'objet d'un processus de consultation publique rigoureux dans le cadre de la consultation sur la ligne directrice Normes de fonds propres pour 2027.
- Les banques ont largement assez de capacités pour aider à financer l'adaptation du pays à cette nouvelle ère. En effet, elles pourraient accorder près de 1 000 milliards en prêts ou autres formes de crédit et demeurer au-dessus des exigences minimales de fonds propres en vigueur; un chiffre important pour l'économie du Canada qui pèse 3 000 milliards.
Animateur :
Que diriez-vous à la nouvelle génération de surveillants - dont les nouveaux titulaires de l'agrément CFS - pour l'aider à relever les défis qui l'attendent?
Surintendant Peter Routledge :
- En une phrase : Faites preuve d'intégrité dans le jugement, d'urgence dans l'action et de cran dans les moments difficiles - c'est ce qui fera de vous un surveillant efficace.
- La surveillance est une mission publique. Votre rôle consiste à protéger la population canadienne et à favoriser la résilience du système financier. Votre travail s'effectuera en grande partie dans l'ombre, sans que le public reconnaisse pleinement sa valeur - mais c'est la nature même de cette responsabilité. Le système fonctionne parce qu'il fait l'objet d'une surveillance adéquate, même quand personne ne regarde.
- Soyez intègres et animés par un sentiment d'urgence. Si quelque chose ne semble pas fonctionner, parlez-en. Si vous repérez un risque émergent, agissez le plus vite possible. L'environnement évolue rapidement, et vous ne pouvez pas vous contenter de l'observer passivement. L'intégrité nous permet de garder les pieds sur terre; le sentiment d'urgence nous permet de rester efficaces.
- Ayez du cran - votre travail ne sera jamais facile. Vous devrez gérer des résistances, des pressions ou la fatigue. La persévérance sera donc essentielle dans votre rôle. Mais ce que vous ferez avec discrétion, constance et conviction permettra de prévenir des préjudices réels et de préserver la confiance du public dans le système financier.
- N'oubliez pas que les résultats sont importants. Les outils, les cadres et les données sont indispensables. Oui, mais ce qui vous définit, c'est votre jugement. La réussite pour vous, c'est de rendre les institutions plus sûres, plus solides et mieux préparées parce que vous intervenez quand les circonstances l'imposent.
SOURCE Bureau du surintendant des institutions financières

BSIF - Relations avec les médias [email protected], 343-550-9373
Partager cet article