La FPJQ juge inadmissible la perquisition survenue au Journal de Montréal
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FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC22 sept, 2016, 13:14 ET
MONTRÉAL, le 22 sept. 2016 /CNW Telbec/ - La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) dénonce vigoureusement la saisie de l'ordinateur du journaliste Michaël Nguyen du Journal de Montréal, lors d'une perquisition menée hier soir par la Sûreté du Québec (SQ).
Monsieur Nguyen a publié le 3 juin dernier un article concernant la plainte déposée contre la juge de la Cour du Québec Suzanne Vadboncœur, qui aurait insulté des constables spéciaux après un souper de Noël tenu en décembre 2015.
La saisie de son ordinateur, qui survient à la suite d'une plainte du Conseil de la magistrature, vise à déterminer la provenance de ces informations. Le Conseil allègue que le reporter a eu accès illégalement à des documents confidentiels pour la rédaction de son reportage.
Michaël Nguyen n'a enfreint aucune loi. « Toute perquisition dans un média d'information constitue une entorse à la liberté de presse et à la démocratie. C'est inacceptable », a souligné à juste titre Me Bernard Pageau, l'avocat du Journal de Montréal.
«Il est inadmissible de perquisitionner des journalistes ou des médias d'information pour tenter de démasquer leurs sources lorsque ce qui a été révélé est d'intérêt public, comme dans le cas présent. Le public a le droit de savoir comment se comportent les représentants de l'État, qui plus est quand ils sont chargés d'appliquer la loi», a déclaré le président de la FPJQ, Jean-Thomas Léveillé.
Traquer ainsi la provenance de telles informations constitue une tentative d'intimidation envers les journalistes et les sources elles-mêmes, alors qu'œuvrer à faire taire les lanceurs d'alerte risque d'empêcher le public d'être bien informé.
« Si cette perquisition est une tentative pour démasquer ou punir des sources de notre journaliste, Le Journal de Montréal ne permettra pas que cela se produise. Jamais », a déclaré à la FPJQ le directeur de l'information du quotidien, George Kalogerakis.
Rappelons qu'en mars 2012, la FPJQ a dénoncé une situation semblable concernant un autre journaliste du Journal de Montréal, Éric-Yvan Lemay, à la suite d'un reportage concernant l'accès aux dossiers médicaux confidentiels de patients dans plusieurs hôpitaux de la grande région de Montréal. Des agents de la SQ ont pris M. Lemay et sa conjointe en filature, puis perquisitionné leur domicile à la recherche d'éléments de preuve du « vol » de documents.
La Cour suprême a elle-même reconnu l'intérêt de protéger les sources des journalistes, notamment dans le cadre de l'affaire « Ma Chouette », du nom de l'informateur qui a permis au reporter Daniel Leblanc d'exposer au grand jour le scandale des commandites au gouvernement fédéral au début des années 2000.
Les journalistes ne sont pas des informateurs de la police et les corps policiers ne doivent pas se servir des journalistes pour accomplir leurs enquêtes. Le Guide de déontologie de la FPJQ stipule d'ailleurs que le matériel journalistique, qu'il soit publié ou non, n'est destiné qu'à l'information du public et ne saurait être transmis par les journalistes aux instances qui veulent l'utiliser à d'autres fins.
C'est pourquoi la FPJQ presse la Sûreté du Québec de renoncer à analyser l'ordinateur de Michaël Nguyen et de le lui restituer sans délai.
SOURCE FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC
Jean-Thomas Léveillé, président de la FPJQ, 514-522-6142
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