Les pharmaciens rappellent l'ampleur du travail qui reste à accomplir du côté du gouvernement du Québec
MONTRÉAL, le 17 déc. 2025 /CNW/ - À l'heure de dresser son bilan de l'année 2025, l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) estime que le gouvernement, qui tente par divers moyens d'améliorer la performance du système de santé, devra accélérer considérablement ses efforts pour mieux tirer profit de la force du réseau des 1 900 pharmacies communautaires du Québec.
En effet, plusieurs dossiers structurants demeurent au point mort ou tardent à se régler, notamment l'entrée en vigueur de l'élargissement du champ de pratique des pharmaciens (PL 67), les négociations pour le renouvellement de l'entente globale avec le MSSS et l'application de sanctions pour mettre fin aux pratiques commerciales interdites dans la distribution des médicaments de spécialité, un enjeu majeur qui aura un impact considérable sur la capacité du réseau des pharmacies communautaires de répondre aux objectifs du gouvernement quant à la performance de la première ligne de soins.
Faux départ pour les négociations en cours et le projet de loi 67 en latence
L'adoption du projet de loi 67 en 2024 a ouvert la porte à un élargissement important du champ de pratique des pharmaciens. Une fois en vigueur, cette loi permettra de prendre en charge davantage de conditions courantes, améliorant ainsi l'accès aux soins de première ligne.
Bien que les pharmaciens aient la volonté d'offrir des services de proximité accessibles à la population, ils rappellent que plusieurs conditions gagnantes doivent encore être rassemblées pour que cette transformation se déploie de façon optimale, à commencer par une rémunération à la hauteur de leur charge de travail, ainsi que d'un soutien financier adéquat pour mettre en place les infrastructures opérationnelles et logistiques indispensables au développement de nouvelles activités cliniques en pharmacie.
Or, l'AQPP est en négociation depuis plusieurs mois avec le gouvernement pour son entente échue depuis le 31 mars 2025 et pour établir un cadre de rémunération entourant les nouvelles activités qui découleront du projet de loi 67. Dans son dernier dépôt à la table de négociation, le gouvernement a transmis une proposition qui constitue non seulement un recul sur le plan normatif, mais surtout, une menace sérieuse pour la pérennité de la pharmacie communautaire et de son modèle d'affaires.
L'AQPP espère ainsi un changement de cap pour la suite des discussions et rappelle que les pharmaciens ne pourront en faire plus sans une rémunération qui tient compte de la réalité du terrain et de la complexité des services cliniques qu'ils donneront aux patients.
« Si le gouvernement veut mener à terme son plan et ne pas retarder la mise en vigueur des nouvelles activités découlant du projet de loi, il doit prendre les mesures nécessaires pour soutenir notre réseau qui a mainte fois fait ses preuves et qui représente un partenaire fiable du système de la santé pour répondre aux besoins grandissants des patients, entre autres en première ligne de soins. On ne peut pas demander aux pharmaciens d'en faire toujours plus sans leur donner les ressources nécessaires. L'ambition est là, mais les moyens doivent suivre », rappelle Benoit Morin, président de l'AQPP.
Médicaments de spécialité : le gouvernement doit prendre ses responsabilités
Malgré des années de représentations et plusieurs solutions proposées par l'AQPP, le gouvernement tarde à agir pour mettre fin aux pratiques commerciales interdites ayant cours dans le secteur des médicaments de spécialité, tel que l'a rapporté La Presse la semaine dernière.
Les stratégies interdites déployées par plusieurs programmes de soutien aux patients (PSP) de fabricants de médicaments créent des circuits fermés ou hautement préférentiels avec quelques pharmacies dites de spécialité. Les pharmacies habituelles des patients se voient ainsi imposer des barrières logistiques et administratives injustifiées qui les empêchent d'accéder aux médicaments en question et de jouer pleinement leur rôle auprès des patients.
Alors que les médicaments de spécialité sont des thérapies en pleine croissance, il est essentiel que les 1 900 pharmacies communautaires du Québec aient accès sans contraintes aux produits de spécialité, qui sont l'avenir des thérapies médicamenteuses.
Les pharmaciens ne demandent qu'à ce qu'on leur donne les moyens pour servir leurs patients efficacement : « On doit faire tomber les barrières pour que les 7 000 pharmaciens présents dans le réseau des pharmacies du Québec puissent accéder aux médicaments dont ont besoin leurs patients. Comme experts du médicament, on doit pouvoir organiser notre offre de services en fonction des besoins évolutifs de nos patients. C'est une évidence et pourtant, on doit se battre pour ça », dénonce Benoit Morin, président de l'AQPP.
L'AQPP a suggéré plusieurs solutions au gouvernement et estime que ce dernier a tous les éléments en main pour agir dans ce dossier.
Rareté de main-d'œuvre : à petits pas
Le manque de main-d'œuvre en pharmacie représente toujours un enjeu central au développement de nouveaux services, amplifié par la hausse des besoins des patients et le vieillissement de la population.
Le gouvernement a été sensible aux enjeux découlant des pratiques des agences de remplacement et de la main-d'œuvre indépendante en pharmacie, qui, avec le temps, sont devenues excessives et contribuent à aggraver artificiellement les défis liés au manque de ressources dans les pharmacies.
Une disposition avait d'ailleurs été incluse dans la « Loi 2 » pour encadrer le recours aux agences de remplacement. Bien que la Loi 2 ait été suspendue jusqu'au 28 février et qu'elle puisse faire l'objet d'une révision, l'AQPP tient à rappeler l'importance de cette disposition et entend collaborer en temps et lieu pour l'élaboration des règlements qui en découleront, afin qu'ils tiennent compte des différentes réalités sur le terrain.
L'AQPP réitère que d'autres mesures structurantes doivent être mises en place, dont l'augmentation des cohortes dans les facultés de pharmacie, la réduction du fardeau administratif ainsi que le soutien à l'automatisation et à la modernisation des milieux.
À propos de l'AQPP
L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, constituée en vertu de la Loi sur les syndicats professionnels, est la seule association qui représente les pharmaciens propriétaires du Québec auprès des organismes officiels et du gouvernement. Elle regroupe les 2 100 pharmaciens propriétaires des 1 900 pharmacies du Québec, qu'ils soient affiliés ou non à une chaîne ou à une bannière commerciale. Employant près de 49 000 personnes partout dans la province, la pharmacie communautaire constitue l'un des plus importants employeurs privés du Québec. Plus d'un million de consultations sont effectuées en pharmacie chaque semaine, ce qui fait du pharmacien l'un des professionnels de la santé les plus disponibles et appréciés au Québec.
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SOURCE Association québécoise des pharmaciens propriétaires

Pour plus d'informations, veuillez contacter : Association québécoise des pharmaciens propriétaires, Ligne médias : 438 887-0519, [email protected]
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