Annonce des finalistes du Prix Michener : quand le journalisme d'enquête inspire le changement au Canada English
OTTAWA, ON, le 6 mai 2025 /CNW/ - La Fondation des Prix Michener est fière d'annoncer les finalistes du Prix Michener 2024 soulignant l'excellence du journalisme d'intérêt public. Les candidatures de cette année reflètent un journalisme canadien de très haut calibre et sachant demander des comptes aux institutions pour améliorer la vie de gens partout au pays.
Les finalistes sont Global News, le Globe and Mail (deux candidatures), La Presse, le Toronto Star et le Vancouver Sun.
« Les finalistes de cette année incarnent le journalisme à son meilleur : impérieux, sans crainte et profondément humain », a déclaré la présidente de la Fondation des Prix Michener, Margo Goodhand. « Ces récits appellent forcément à la reddition de compte, et entraînent donc, ce faisant, du changement. »
Le Prix Michener, la plus importante distinction au Canada en journalisme, a été institué en 1970 pour récompenser l'excellence en journalisme d'intérêt public. Pour prendre ses décisions, le jury évalue surtout les retombées positives pour la population des dossiers présentés par les médias écrits, électroniques et en ligne.
Comme l'a dit Katherine Sedgwick, présidente du jury, aux finalistes : « Le travail réalisé dans ces salles de presse rappelle l'importance cruciale du journalisme d'intérêt public. Toutes les enquêtes en lice pour le Prix Michener de cette année ont entraîné des changements qui influencent positivement la vie des Canadiennes et Canadiens. »
Les finalistes sont :
Global News - Enquêtes sur l'approvisionnement fédéral
Informé de circonstances douteuses entourant l'octroi de contrats pour les tests rapides de dépistage de la COVID-19, Global News a mené une série d'enquêtes sur le monde trouble de l'approvisionnement fédéral. Le journaliste qui travaillait à temps plein sur le dossier a été épaulé par plusieurs équipes, en plus de collaborer de manière importante avec First Nations University of Canada. Global News a ainsi levé le voile sur un ensemble de pratiques douteuses, ce qui a déclenché des études en comité parlementaire, une enquête du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et deux audits. L'équipe a notamment découvert que le gouvernement avait octroyé des contrats de plusieurs milliards de dollars à une entreprise chinoise dont les tarifs étaient excessifs, écartant des firmes canadiennes qui offraient de meilleurs prix. Les journalistes ont de plus découvert que le ministre Randy Boissonnault était en situation de conflit d'intérêts potentiel, son ministère ayant offert des contrats à son ancienne société. Il a finalement démissionné. Finalement, Global News a créé une onde de choc avec son enquête poussée sur les entreprises qui se proclamaient autochtones pour décrocher des contrats lucratifs dans le cadre de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. L'équipe a mis au jour une multitude de failles, un manque de surveillance et les graves lacunes du programme. Les communautés autochtones n'en ont retiré que peu de bénéfices, de nombreux contrats ayant été accordés à des entreprises qui n'étaient autochtones que sur papier.
Globe and Mail - L'algorithme
Le Globe and Mail a mis au jour d'importantes failles dans la vérification de la salubrité des aliments au Canada et a publié une histoire troublante où l'Agence canadienne d'inspection des aliments a échoué à protéger la population. L'investigation a commencé à l'été 2024, après la mort de trois personnes et l'intoxication de plusieurs autres, toutes causées par une éclosion de listériose dans une usine de production de lait végétal à Pickering, en Ontario. Les journalistes Grant Robertson et Kathryn Blaze Baum ont enquêté pendant des mois. Leur série de reportages explique comment l'Agence déterminait l'ordre de priorité de ses inspections selon un algorithme basé en partie sur de l'information fournie par les entreprises. L'Agence n'avait donc pas visité l'installation de Pickering depuis plusieurs années. Le Globe and Mail a montré que pendant les 11 mois précédant le rappel des produits, mois pendant lesquels la listériose était présente dans l'usine, aucune inspection n'a eu lieu. Si un inspecteur avait détecté la bactérie plus tôt, des décès auraient pu être évités. L'algorithme utilisé par l'Agence permettait à des entreprises de se surveiller elles-mêmes et d'ainsi éviter les inspections. Après la publication des reportages, le ministre fédéral de la Santé a ordonné la réévaluation complète de l'algorithme. L'installation de Pickering, quant à elle, a été fermée définitivement.
Globe and Mail - Le problème avec les agences de placement en soins infirmiers
Pendant la pandémie de COVID-19, une grave pénurie de personnel infirmier a touché plusieurs hôpitaux canadiens. Les agences à but lucratif en ont profité pour offrir les services temporaires de personnel diplômé, pour plusieurs recrutés dans le système public d'autres provinces. En enquêtant sur des contrats octroyés à une agence ontarienne par le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador, les journalistes du Globe and Mail Tu Thanh Ha, Kelly Grant et Stephanie Chambers ont découvert que cette aide avait coûté une fortune aux contribuables : les provinces payaient à l'agence le montant exorbitant de 300 $ l'heure pour chaque infirmière ou infirmier, soit six fois le salaire du personnel infirmier employé par le système public. L'entreprise facturait en outre des dépenses douteuses aux provinces, comme des indemnités de repas qui ne servaient pas en fait aux infirmières et infirmiers. À la suite du reportage du Globe and Mail, le vérificateur général de chaque province a lancé une enquête sur la situation. Terre-Neuve a remanié ses relations avec les agences : elle a resserré l'encadrement des taux horaires et du remboursement des dépenses, et a aboli les indemnités de repas. Le Nouveau-Brunswick a adopté une loi qui annulait ses contrats avec les entreprises, les jugeant « injustes pour les contribuables », et a promis de réduire sa dépendance au travail temporaire dans le système de santé.
La Presse - Abus sexuels, maltraitance et mauvaises pratiques à la DPJ : les services de protection de la jeunesse dans la tourmente
Des dizaines d'enfants enlevés à leurs parents sous de faux prétextes; d'autres, aussi jeunes que neuf ans, placés en isolement ou en contention de manière routinière; un centre de rééducation où une dizaine d'éducatrices ont des relations sexuelles avec de jeunes délinquants; une famille d'accueil où se pratiquent des agressions sexuelles depuis 15 ans malgré les signalements aux autorités. Ce ne sont là que quelques exemples de la quinzaine de reportages publiés en 2024 par le quotidien La Presse, illustrant de manière éloquente les dysfonctionnements des services de protection de la jeunesse au Québec. Par leurs enquêtes aussi méticuleuses que troublantes, les journalistes Ariane Lacoursière, Caroline Touzin, Gabrielle Duchaine et Katia Gagnon ont provoqué une onde de choc qui a forcé les autorités provinciales à redresser la gestion de la DPJ. Ainsi, trois directions régionales ont fait l'objet d'enquêtes; une a été mise sous tutelle; la directrice nationale de la DPJ a dû démissionner; et le gouvernement québécois a créé un poste de Commissaire à la santé et au bien-être des enfants, autant de conséquences directes du travail acharné de ce quatuor de journalistes.
Toronto Star - Enfants en crise et La fillette invisible
« Comment se fait-il que les enfants et les familles sont abandonnés par le système même censé les protéger? » Cette question, posée par un père désespéré de trouver de l'aide pour son fils autiste de 14 ans, est le point de départ de deux enquêtes de fond du Toronto Star sur l'échec systémique à protéger les enfants les plus vulnérables de l'Ontario. Le reportage Kids in Crisis (Enfants en crise), de Megan Ogilvie et Amy Dempsey Raven, raconte l'histoire d'enfants ayant des besoins complexes hébergés dans des bureaux, des roulottes ou des motels de bord de route. Il expose aussi le récit choquant de parents contraints d'envisager l'impensable - abandonner leur enfant ayant des besoins spéciaux à l'hôpital - pour obtenir le soutien des agences gouvernementales censées les servir. Après la publication du reportage, l'ombudsman de l'Ontario a déclenché une enquête et le premier ministre Doug Ford a annoncé un audit des services de bien-être de l'enfance. Dans The Invisible Girl (La fillette invisible), les journalistes Wendy Gillis et Jennifer Pagliaro relatent la vie et la mort d'une petite fille de quatre ans retrouvée dans une benne à ordures dans un quartier aisé de Toronto. Elles racontent comment Neveah a été complètement abandonnée par toutes les personnes qui auraient dû la protéger. Le premier ministre Ford a admis que les agences de protection de l'enfance de l'Ontario avaient « failli à leur mission » d'aider la fillette.
Vancouver Sun - La mort évitable d'une étudiante universitaire
Une jeune et talentueuse étudiante universitaire a fait une surdose dans le corridor d'une résidence, entourée de ses consœurs et confrères étudiants et d'une équipe médicale, sans que personne ne réussisse à lui sauver la vie. Ses parents ont voulu comprendre pourquoi et se sont battus pour obtenir les documents détaillant les derniers moments de la vie de leur fille. Lori Culbert, journaliste au Vancouver Sun, a raconté l'histoire avec une justesse bouleversante, nous obligeant à reconnaître le coût humain d'une épidémie passée sous silence. Son reportage montre que les surdoses n'arrivent pas qu'à des personnes démunies, dans des ruelles sombres, et que n'importe qui peut en être victime. Le reportage a immédiatement trouvé un vaste écho. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a promis de financer les trousses de naloxone (le médicament qui renverse les effets d'une surdose d'opioïdes) les plus faciles à utiliser - au lieu des moins chères. Il a demandé à tous les établissements postsecondaires de doter chacun de leurs bâtiments de ces trousses, en plus d'en prévoir à chaque événement. Les secouristes des universités ainsi que les services d'urgence ont mis à jour leur formation sur les surdoses, et les élèves de niveau secondaire de toute la province doivent maintenant suivre une formation RCR. Ailleurs au pays, le milieu de l'éducation a emboîté le pas à la Colombie-Britannique. Le reportage du Vancouver Sun a vraiment eu des effets importants et durables.
L'annonce du média récipiendaire du Prix Michener 2024 sera faite le jeudi 5 juin 2025, à l'occasion de la cérémonie de remise des prix à Rideau Hall, en présence de Son Excellence la très honorable Mary Simon, gouverneure générale du Canada.
À propos des Prix Michener
Les Prix Michener font l'éloge et la promotion de l'excellence en matière de journalisme d'intérêt public au Canada. Créé en 1970 par le très honorable et regretté Roland Michener, gouverneur général du Canada de 1967 à 1974, le Prix Michener est la plus haute distinction journalistique au pays. Le conseil d'administration bénévole de la Fondation des Prix Michener administre le Prix, en partenariat avec la Fondation Rideau Hall et avec le soutien financier de BMO, Cision, Power Corporation du Canada, et TD. Pour en savoir plus, consultez le www.prixmichener.ca.
SOURCE LA FONDATION DES PRIX MICHENER

Pour plus de renseignements, veuillez communiquer avec : La Fondation des Prix Michener, Jill Clark, Gestionnaire des communications et des relations avec les médias, Fondation Rideau Hall, 613-619-0230, [email protected]
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