Rio Tinto Alcan - L'opinion du ministre Gignac est fidèle à celle du gouvernement Charest
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Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)02 mars, 2012, 16:32 ET
QUÉBEC, le 2 mars 2012 /CNW Telbec/ - Ce matin, Clément Gignac, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune et responsable du Plan Nord, s'est porté à la défense de Rio Tinto Alcan (RTA) et a appuyé le projet de sous-traitance de l'entreprise, se disant « dérangé […] d'avoir du monde en croisade à travers la planète pour un débat idéologique et qu'on essaie de démoniser la sous-traitance. » Ce midi, le Syndicat des métallos, qui représente les travailleurs en lock-out de l'usine RTA, s'est étonné de cette prise de position en précisant que « le ministre mélange des poires et des bananes ». Le syndicat explique qu'il ne s'agit pas de faire fabriquer des composantes par un sous-traitant dont le personnel est basé dans une autre usine mais « d'avoir côte à côte des travailleurs de RTA et des sous-traitants qui font le même boulot, mais dont un est payé à moitié du salaire de l'autre. »
Il ne faut pas s'étonner que le gouvernement Charest réitère son appui à la sous-traitance, même celle qui, comme le soulèvent les Métallos dans le cas de RTA, peut être assimilable à une « clause orphelin » ou de disparité de traitement. Il faut se rappeler que l'une des premières lois que le gouvernement Charest a fait adopter après son élection le 14 avril 2003 fut une modification au Code du travail, sanctionnée le 18 décembre 2003, permettant aux entreprises de recourir plus facilement à la sous-traitance. D'autre part, ce gouvernement a constamment cherché à externaliser ses propres productions de biens et de services publics, notamment en institutionnalisant et « déifiant » les partenariats public-privé et en confiant en sous-traitance une part grandissante du travail effectué par le personnel de ses ministères, organismes et agences. Dans la fonction publique, une telle politique coûte les yeux de la tête aux contribuables. En décembre 2010, le SPGQ publiait une analyse fondée sur les données du Secrétariat du Conseil du trésor montrant qu'entre 2003 et 2009 les dépenses de sous-traitance en services professionnels dans les ministères et organismes du gouvernement du Québec ont augmenté de près de deux milliards de dollars, ce qui représentait deux fois et demie les économies (800 millions de dollars) que le gouvernement disait avoir réalisé durant la même période avec son Plan de réduction des effectifs.
Aujourd'hui, la tendance n'a pas changé. Le gouvernement Charest continue de gaspiller l'argent des contribuables en engraissant les sous-traitants alors qu'il demande aux étudiants de « faire leur juste part » pour le financement de leurs études supérieures et qu'il impose une taxe santé annuelle de 200 $, donc de 400 $ pour un couple, à l'exception des contribuables à très faibles revenus. Ce gouvernement qui sabre aveuglément ses propres effectifs, qui installe dans ses propres édifices le personnel des sous-traitants, n'aura pas d'autre position que d'appuyer une entreprise qui se propose de faire la même chose.
Conséquemment, estime Gilles Dussault, le président du SPGQ, « il faut comprendre que le ministre Clément Gignac n'a pas mélangé poires et bananes. Il appuie tout simplement le projet de RTA de créer deux classes de travailleurs dans son usine québécoise, l'une syndiquée et jouissant des avantages d'une convention collective et l'autre, non syndiquée, et jouissant des avantages que voudront bien leur consentir les employeurs qui auront conclu avec RTA une entente de "location" de main-d'oeuvre. »
Le SPGQ est le plus grand syndicat de professionnelles et de professionnels du Québec. Il représente quelque 22 300 cotisantes et cotisants, dont environ 16 000 dans la fonction publique, 3 500 à l'Agence du revenu du Québec et quelque 3 000 en santé, en éducation et dans les sociétés d'État.
Michelle Monette, 418-254-9218
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