Protection des données des enfants : une équipe de recherche universitaire de l'UQAM, McGill et Ottawa dénonce les dérives des jeux mobiles
MONTRÉAL, le 22 oct. 2025 /CNW/ - Les jeux mobiles destinés aux enfants de moins de 13 ans respectent-ils réellement les lois sur la protection de la vie privée ? Une équipe de recherche composée de spécialistes de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), de l'Université d'Ottawa et de l'Université McGill tire la sonnette d'alarme dans son rapport publié aujourd'hui: aucune des politiques de confidentialité analysées ne respecte pleinement les lois québécoises, canadiennes et américaines en matière de protection des données des enfants.
Financée par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, l'étude a été menée par la Chaire de recherche du Canada en jeu, technologies et société de l'UQAM, en collaboration avec cinq professeurs en études du jeu, communication, droit et informatique.
139 politiques de confidentialité ont été analysées par l'équipe de recherche :
- 84 liées à des jeux gratuits;
- 2 à des jeux freemium (gratuits et payants);
- 53 à des jeux premium (payants).
Des stratégies malveillantes identifiées
L'analyse révèle des pratiques préoccupantes visant à contourner les droits des enfants pour collecter leurs données personnelles :
- Langage flou, absence d'informations claires et définitions variables des politiques de données personnelles;
- Classification trompeuse : des jeux présentés comme « tout public » alors que les politiques ne s'appliquent qu'aux 13 ans et plus;
- Exclusion des tiers : des entreprises tierces accèdent aux appareils sans être soumises aux politiques de confidentialité;
- Consentement négligé : seulement 12,5 % des politiques exigent un nouveau consentement en cas de modification.
Des enfants et des parents mal informés
« Non seulement les enfants et les parents n'ont pas accès aux bonnes informations pour donner un consentement éclairé, mais, en plus, des informations trompeuses donnent un faux sentiment de sécurité, surtout si le jeu présente un visuel très enfantin et innocent », révèle Maude Bonenfant, professeure au Département de communication sociale et publique de l'UQAM.
« Les studios de jeux vidéo demandent aux parents de lire des politiques de confidentialité très complexes à comprendre, parfois contradictoires et dont la légalité de certaines clauses est très douteuse. Ils jouent sur le fait que les parents ne prendront probablement pas le temps de les lire et se fieront plutôt à la cote du jeu qui est pourtant aussi problématique », ajoute Thomas Burelli, professeur à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa.
Selon l'équipe de recherche, les informations nécessaires à une prise de décision éclairée sont manquantes. De plus, les catégorisations actuelles donnent un faux sentiment de sécurité pour les jeunes et les parents.
Une industrie peu encadrée
Malgré plusieurs tentatives de régulation, l'industrie du jeu vidéo nord-américaine ne propose aucune classification indépendante adaptée aux enfants de moins de 13 ans. Contrairement au cinéma, les jeux vidéo présentent des lacunes importantes en matière de catégorisation, laissant les jeunes exposés à des environnements numériques peu sécuritaires.
Un décalage existe ainsi entre les besoins de protection des enfants contre l'exploitation commerciale de leurs données personnelles et l'encadrement de l'industrie du jeu mobile. Ce rapport vise à alerter à la fois les instances politiques, le grand public ainsi que l'industrie elle-même.
Le rapport de recherche est disponible en ligne.
Conférence au Cœur des sciences le 19 novembre 2025
Maude Bonenfant prononcera une conférence dont le thème est le suivant : Jeux mobiles : votre enfant, le produit?
La professeure au Département de communication sociale et publique de l'UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en jeu, technologies et société parlera des enjeux associés aux jeux mobiles pour enfants : collecte de données, accès possible à la caméra ou au micro, les publicités ciblées ou inappropriées, les incitations répétées à acheter différents items, propositions de jeux de hasard et d'argent sont autant de stratégies pernicieuses conçues pour tenir les enfants connectés le plus longtemps possible.
Date : 19 novembre 2025
Heure : 18 h, ouverture des portes à 17 h 30
Lieu : Cœur des sciences de l'UQAM, Amphithéâtre du pavillon Sherbrooke (SH-2800), 200, rue Sherbrooke Ouest
Coût : 5 à 10 $
Vous pouvez contacter les soussignés pour des demandes d'entrevues auprès de la professeure Maude Bonenfant de l'UQAM et du professeur Thomas Burelli de l'Université d'Ottawa.
SOURCE Université du Québec à Montréal

Sources : UQAM, Julie Meunier, Conseillère en communication, Division des relations avec la presse et événements spéciaux, Service des communications, Tél.: 514 987-3000, poste 1707, Cell.: 514 895-0134, [email protected] ou [email protected]; Université d'Ottawa : Paul Logothetis, Conseiller en relations médias, Tél. : 613 863-7221, [email protected]
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