Le chroniqueur Mathieu Bock-Côté blâmé pour préjugés envers les musulmans
MONTRÉAL, le 23 mai 2025 /CNW/ - Le Conseil de presse du Québec a publié trois nouvelles décisions relatives à des plaintes qu'on lui avait soumises. Il a retenu la première et a rejeté les deux autres.
Le texte ci-dessous résume ces décisions, dont l'intégralité est accessible sur le site Web du Conseil de presse.
D2024-09-070 : Charles Fakih c. Mathieu Bock-Côté et Le Journal de Montréal
Le Conseil de presse retient la plainte de Charles Fakih au sujet de la chronique « Les alliés du Hezbollah en Occident sont des ennemis de l'Occident », du chroniqueur Mathieu Bock-Côté, mise en ligne sur le site Web du Journal de Montréal le 30 septembre 2024, concernant un grief de discrimination. Dans ce texte d'opinion, Mathieu Bock-Côté aborde la question des pays occidentaux « où se sont install[és] depuis une quarantaine d'années de nombreuses communautés musulmanes, qui se sentent davantage appartenir au monde islamique qu'à leur nation d'accueil ». M. Bock-Côté avance que « les communautés musulmanes se sentent souvent musulmanes avant de se sentir françaises, anglaises, écossaises ou ainsi de suite », et ajoute que « ces communautés se sentent souvent appartenir à la civilisation islamique, pour peu qu'on me permette cette formule, davantage qu'à la civilisation occidentale, qu'elles abordent souvent en conquérantes [...] ».
Le plaignant, Charles Fakih, considérait que « ces propos généralisent et stigmatisent une communauté entière, en la présentant comme une menace à la société occidentale sous l'angle [d'une] déloyauté potentielle envers le pays dans lequel elle vit » et que « ces déclarations peuvent renforcer les préjugés, alimenter la méfiance et accroître la marginalisation des membres de la communauté musulmane au Québec ».
Le Conseil fait valoir dans sa décision qu'il « n'a trouvé aucune étude affirmant que les musulmans d'Occident ressentent un attachement plus grand envers leur religion qu'envers leur nationalité. [...] En prétendant que "les communautés musulmanes se sentent souvent musulmanes avant de se sentir françaises, anglaises, écossaises ou ainsi de suite", sans présenter de données qui puissent soutenir cette affirmation, le chroniqueur Mathieu Bock-Côté a entretenu un préjugé, tel que l'avance le plaignant. De plus, M. Bock-Côté a manqué à son devoir d'exposer les faits les plus pertinents sur lesquels il fonde son opinion. Plusieurs sondages et études cités [dans la décision] tendent à démontrer que les propos du chroniqueur relèvent d'un stéréotype plutôt que de faits avérés. »
La décision précise que « même si l'on peut être d'avis que l'islam à titre de religion comporte une notion de conquête, cela ne signifie aucunement que les musulmans pratiquants d'aujourd'hui en Occident sont eux-mêmes des individus "conquérants". Or, dans son texte, Mathieu Bock-Côté ne fait pas cette nuance. Il associe les "communautés musulmanes" à la notion de conquête - soit les individus pratiquant cette religion, sans distinction -, ce qui constitue un amalgame qui n'est appuyé, encore une fois, sur aucun fait. Cette affirmation a pour cause, comme l'avance le plaignant, "d'alimenter la méfiance" envers les musulmans en tant qu'individus, sur la base de la religion qu'ils pratiquent. En tenant de tels propos, M. Bock-Côté a de nouveau manqué à son devoir de s'abstenir d'utiliser des termes qui tendent à entretenir les préjugés envers les musulmans, commettant ainsi un manquement déontologique au principe de discrimination. »
D2024-09-067 : Martine Alie c. Ali Dostie et Le Courrier du Sud
Le Conseil de presse rejette la plainte de Martine Alie, directrice des ressources humaines à la Ville de Brossard, contre l'article « Brossard : la directrice des RH à l'origine d'un "climat malsain" », de la journaliste Ali Dostie, publié dans Le Courrier du Sud le 16 juillet 2024.
L'article visé par la plainte rapporte les critiques de sept cadres, employés ou ex-employés de la Ville de Brossard envers la directrice des ressources humaines, qui est la plaignante dans ce dossier.
Mme Alie estimait entre autres que la journaliste et le média avaient manqué à leur devoir d'équilibre, affirmant qu'elle n'avait pas pu exprimer son point de vue. Le Conseil rejette le grief de manque d'équilibre parce qu'il considère que la journaliste a fait tous les efforts nécessaires pour tenter d'obtenir la version des faits de la plaignante et de son employeur, la Ville de Brossard. De plus, si la journaliste n'a pas pu présenter le point de vue de la Ville, c'est que ses représentants lui ont indiqué, lors d'une entrevue, qu'ils ne répondraient pas à des questions portant sur des dossiers confidentiels. Un droit de réplique a également été offert à Mme Alie lorsqu'elle a fait connaître son insatisfaction par rapport à l'article, plusieurs semaines après sa parution, mais elle n'y a pas donné suite.
Le Conseil rejette également les griefs de sensationnalisme, d'information inexacte et d'information incomplète.
D2024-10-071 : José Pouliot c. Hugo Duchaine, Héloïse Archambault et Le Journal de Montréal
Le Conseil de presse rejette la plainte de José Pouliot visant l'article « Les facultés de médecine ne prévoient pas de discrimination pour favoriser les hommes », publié le 14 septembre 2024 dans Le Journal de Montréal et sur son site Internet, relativement à un grief de discrimination. Dans cet article, les journalistes Hugo Duchaine et Héloïse Archambault traitent de l'augmentation du nombre de femmes en médecine au Québec et de l'absence de mesures pour recruter plus d'hommes dans les facultés de médecine. Ils abordent également les implications de cette féminisation sur l'organisation du travail et le processus de sélection des étudiants en médecine.
Alors que le plaignant considérait comme discriminatoire envers les hommes le fait de qualifier l'augmentation du nombre de femmes en médecine de « bonne nouvelle pour les patients qui bénéficient de leur écoute et de leur empathie », le Conseil juge que l'affirmation est appuyée par des faits. « Les compétences empathiques chez les femmes sont reconnues par la science. Plusieurs études confirment que les femmes se montrent en général plus empathiques que les hommes, même si les scientifiques ne savent pas toujours en expliquer la cause. » Après avoir cité quelques-unes de ces études, le Conseil conclut : « Il n'est donc pas discriminatoire de souligner le fait, en parlant des femmes, que les patients pourront bénéficier "de leur écoute et de leur empathie", puisqu'elles performent mieux aux tests de médecine qui évaluent l'empathie et que cette empathie féminine est de surcroît confirmée par les recherches scientifiques. On ne peut donc pas parler ici de "préjugés" puisque cette empathie est un fait confirmé par la science. »
À propos
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Le Conseil de presse remercie Cision d'avoir rendu possible l'envoi de ce communiqué.
SOURCE CONSEIL DE PRESSE DU QUEBEC

RENSEIGNEMENTS : Caroline Locher, secrétaire générale, Conseil de presse du Québec, [email protected]
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