JOURNÉE MONDIALE SANS TABAC : Une vingtaine de groupes réclament des investissements majeurs découlant des retombées financières des litiges-tabac English
MONTRÉAL, le 31 mai 2025 /CNW/ - À l'occasion de la Journée mondiale sans tabac de l'OMS, une vingtaine de groupes québécois issus des milieux de la santé demandent au gouvernement du Québec de prendre une minuscule proportion des retombées financières découlant de l'entente mettant fin à l'ensemble des litiges auxquels faisaient face les trois plus grands cigarettiers (incluant celui du Québec) et d'investir ce montant dans le budget de lutte contre le tabac.
Plus précisément, les groupes demandent que 2,7 % de l'enveloppe des 6,6 milliards de dollars que la province encaissera - l'équivalent de 30 millions dollars - soit réinvesti pour bonifier le financement des interventions gouvernementales visant à
- accélérer la lutte contre le tabagisme,
- améliorer l'aide et l'accompagnement aux fumeurs qui souhaitent arrêter,
- renverser la crise du vapotage chez les jeunes et
- mieux lutter contre la vente illégale des produits de vapotage,
tel que précisé dans cette lettre au gouvernement, signée par cinq groupes de lutte contre le tabac.
Selon Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, « la lutte contre le tabagisme est loin d'être achevée et, à moins d'être accélérée, le tabagisme continuera d'accaparer une proportion colossale des soins de santé au Québec. Tuant plus de 36 fumeurs québécois chaque jour, le tabac demeure la première cause de maladies et de décès évitables au Québec. Pendant ce temps, le réseau de la santé publique, le monde de l'éducation et les services d'inspections sont débordés par le phénomène du vapotage, avec de nouvelles cohortes de jeunes qui continuent de tomber dans le piège de la dépendance à la nicotine.
« Or, malgré la compensation des victimes et l'entrée de fonds pour les provinces, l'entente négociée et approuvée par le Québec et les autres créanciers présente d'importantes lacunes puisqu'elle ne comporte aucune mesure forçant l'industrie à changer sa façon de faire. »
En effet, l'entente endossée par le Québec et les autres provinces confère une décharge totale et complète aux géants du tabac en lien avec ses décennies de commercialisation malhonnête et irresponsable des produits du tabac -- en échange de paiements futurs échelonnés sur les deux ou trois prochaines décennies. Elle empêche même la nouvelle fondation « Cy-près » (dont les actifs se situent à un milliard de dollars) de financer des interventions en prévention ou en cessation tabagique, disant que celles-ci « relèvent de la compétence des provinces » [9.21].
« Étant donné que les paiements aux provinces, dont le Québec, proviendront des fumeurs actuels et futurs, l'entente soulève un conflit potentiel entre l'appât du gain de l'État et sa première responsabilité de protéger la santé de la population. En investissant une partie des sommes pour contrer l'usage de ces produits nocifs, le gouvernement démentirait l'apparence ou l'existence d'un tel conflit, » explique David Raynaud, Gestionnaire principal Québec - Défense de l'intérêt public chez Société canadienne du cancer.
« L'entente ne comporte aucune mesure pour empêcher ou minimiser de nouveaux torts. Elle stipule même que l'industrie doit maintenir ses opérations commerciales habituelles, ce qui inclut le recrutement de nouveaux consommateurs de produits de tabac et de vapotage, entraînant de nouvelles victimes et de nouveaux coûts de soins de santé. Il serait immoral pour le gouvernement d'encaisser ces milliards sans dédier un montant substantiel pour empêcher des dommages et coûts additionnels. »
L'entente protège le marché du vapotage
L'entente exempte de toute obligation financière les revenus découlant de la vente de produits de vapotage et de tabac chauffé. « Cette extraordinaire exemption permet la continuation du développement agressif du marché de la nicotine récréative, menant inévitablement à de nouveaux consommateurs dépendants à la nicotine et exposés à de nouveaux risques pour leur santé », ajoute Marc-André Parenteau, Conseiller principal, Affaires gouvernementales et défense des intérêts chez Coeur + AVC.
« Selon nous, la première responsabilité de l'État est de faire tout ce qui lui est possible pour faire cesser la souffrance et la perte de vies qui sont provoquées par des produits néfastes et inutiles d'une industrie à la quête de profits. À défaut de bonifier les investissements pour protéger davantage le public contre l'industrie de la nicotine, la popularité de ses produits traditionnels et novateurs continuera de provoquer des dommages à la santé et au bien-être des Québécois, tout en générant des coûts supplémentaires de soins de santé, » conclut madame Doucas.
Voir annexes : Besoins financiers et faits saillants
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1 « What Will Be Eligible for Consideration for Support by the Cy-près Foundation: Proposals regarding research, programs and initiatives falling within the scope of the Cy-près will be received by the board of directors of the Cy-près Foundation ("Foundation Board") for consideration for financial or other support from the Cy-près Foundation. Programs and initiatives aimed at reducing or preventing tobacco use in Canada are outside of the scope of the Cy-près because they fall within the purview of the Provinces and Territories, involving policy issues and advocacy. Accordingly, such programs and initiatives will not be considered for funding or other support from the Cy-près Foundation. » |
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

Information : Flory Doucas, Porte-parole, Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, 514-515-6780; Fatou Thiam, Gestionnaire des communications pour le Québec et le Canada Francophone, Société canadienne du cancer, 514-229-0671; Maryse Bégin, Cœur et AVC, [email protected]., 514 669-6297
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