Rapport du coroner dans un double infanticide : mettre la sécurité des enfants au centre des interventions en violence conjugale
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Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale18 juin, 2025, 16:51 ET
MONTRÉAL, le 18 juin 2025 /CNW/ - Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale salue les recommandations du coroner Me André Cantin dans le dossier du double infanticide suivi du suicide de leur père, en août 2023.
Les enfants dans l'angle mort de la violence conjugale
Les circonstances de ces décès, survenus dans un contexte de violence conjugale, nous donnent l'occasion de déconstruire un mythe persistant qui veut que la violence conjugale affecte uniquement la partenaire sans que les enfants n'en vivent les conséquences. Les enfants sont aussi des victimes de la violence conjugale, qu'ils soient ou non spécifiquement visés par la violence et les stratégies de contrôle. Leur sécurité physique et psychologique est tout autant mise à prix. Le cas des jumeaux en est une triste illustration.
« S'il y a un apprentissage à faire dans ce rapport, c'est l'importance, pour tou.te.s les professionnel.le.s impliqué.e.s de près ou de loin dans une situation de violence conjugale, de mettre la sécurité des enfants au cœur de leurs préoccupations. Lorsque l'on protège une mère, il faut s'assurer que ces protections s'appliquent aux enfants. Dans tous les cas, la précaution est la plus loyale des alliées. » souligne Justine Fortin, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement.
Quand la formation fait une réelle différence
Le Regroupement salue les recommandations du coroner en faveur de formations de base et de formation continue sur le contrôle coercitif, pour l'ensemble des policiers et aspirants policiers. À titre d'exemple, la formation offerte par notre Regroupement et par le SPVM à l'ensemble de leurs patrouilleurs a déjà des retombées tangibles sur le terrain. Avec la lunette du contrôle coercitif, les policières et policiers sont davantage capables de détecter une dynamique de violence conjugale même en l'absence de violence physique, et de documenter la situation avec des éléments qui peuvent s'avérer cruciaux pour la suite.
« On le voit, les formations aux policiers portent fruit pour mieux assurer la sécurité des femmes et des enfants. La formation devrait être généralisée à l'ensemble des corps de police ainsi qu'aux aspirants policiers, pour être en mesure d'offrir le même service à la population partout au Québec » ajoute Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement.
Au-delà de la formation des corps policiers, le Regroupement tient toutefois à rappeler que la clé pour prévenir les décès en contexte de violence conjugale réside dans la formation de tou.te.s les professionnel.le.s susceptibles de croiser le chemin d'une femme qui en est victime, de ses enfants ou de l'auteur de cette violence.
Pour un système de justice qui protège les enfants covictimes
Dans la foulée de la création du Tribunal unifié de la famille et de la médiation familiale rendue obligatoire pour les couples vivant en union parentale et en union civile, de nombreuses femmes vont passer par ce processus. Le Regroupement, comme plusieurs autres acteurs, ont rappelé au ministre de la Justice les dangers de la médiation en contexte de violence conjugale et le fardeau que fait porter sur les victimes la demande d'exemption.
Aujourd'hui, le rapport du coroner fait état d'une recommandation également portée par notre Regroupement : d'instaurer le dépistage obligatoire des manifestations de contrôle coercitif par les médiateurs familiaux afin de faire cesser la médiation et de référer vers les ressources appropriées. Cette recommandation s'inscrit dans l'idée d'un système de justice qui protège les plus vulnérables.
Le Regroupement appelle le ministre de la Justice, M. Simon Jolin-Barrette, à mettre en œuvre cette recommandation au plus vite, afin de protéger les femmes et leurs enfants dès l'entrée dans le système de justice familiale.
Le double infanticide survenu à Notre-Dame-des-Prairies nous rappelle que chaque acteur a un rôle à jouer dans la protection des enfants en contexte de violence conjugale. Le droit de la famille, le droit de la jeunesse et le droit criminel doivent, plus que jamais, fonctionner de manière interdépendante. Il en va de la sécurité des enfants.
SOURCE Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Information et demandes d'entrevue : Fanny Guérin, responsable des communications et des relations de presse, [email protected] / 514 754-1057
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