Les sachets de nicotine n'ont pas aidé les Canadiens à écraser -- peu importe ce que disent les cigarettiers et leurs alliés English
MONTRÉAL, OTTAWA, ON et EDMONTON, AB, le 3 déc. 2025 /CNW/ - Préoccupés par le lobbying soutenu des multinationales du tabac cherchant à affaiblir les restrictions entourant la vente de sachets de nicotine, les groupes de santé canadiens rappellent au public et aux décideurs que jusqu'à maintenant, l'expérience canadienne avec ces produits appelle à des contrôles plus sévères et non un assouplissement. Ces produits n'ont pas aidé les fumeurs à cesser de fumer, mais ils ont permis à l'industrie du tabac de piéger des nouveaux consommateurs dans la dépendance à la nicotine, dont des milliers de jeunes.
« Peu de fumeurs canadiens ont utilisé les sachets pour arrêter de fumer, et ceux qui en ont fait usage semblent avoir moins de chances de réussir que ceux qui arrêtent sans aide ou qui ont utilisé des thérapies conventionnelles d'arrêt tabagique », affirme Les Hagen, directeur général d'Action contre le tabagisme et la santé (ASH Canada).
Cette conclusion repose sur les résultats de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), la plus vaste enquête de santé menée par Statistique Canada. L'enquête comprend désormais des questions sur les méthodes de sevrage tabagique utilisées par les fumeurs, et des données plus complètes par rapport à l'utilisation des sachets de nicotine en 2024.
Les résultats publiés dans le dictionnaire de données de l'enquête ESCC de 2024 indiquent que sur les 2 millions de fumeurs canadiens qui avaient essayé d'arrêter de fumer au cours de l'année précédente, seuls 117 000 (6 %) avaient utilisé des sachets, et, parmi ces derniers, le nombre de ceux qui déclaraient avoir réussi à cesser de fumer était trop faible (moins de 26) pour que la ESCC puisse fournir une estimation officielle. (Voir l'analyse des données ici.)
Bien que les données fournies ne permettent pas de comparaison statistique, ceux qui ont eu recours aux sachets nicotiniques avaient le taux d'échec de sevrage tabagique le plus élevé, comparativement à ceux ayant fait appel aux autres thérapies d'arrêt tabagique recensées par l'enquête. Parmi les fumeurs ayant participé à l'enquête et ayant tenté d'arrêter de fumer, la quasi-totalité (92 %) de ceux qui ont eu recours aux sachets avait rechuté au moment de l'enquête. Rappelons qu'à l'extérieur du Québec et de la Colombie-Britannique, les sachets de nicotine étaient largement distribués dans les dépanneurs jusqu'à ce que leur vente soit restreinte par le fédéral aux pharmacies à la fin août 2024.
« Espérant pousser le gouvernement à assouplir les restrictions sur la vente, les prétendus impacts des sachets de nicotine sur l'arrêt tabagique sont exagérés », affirme Cynthia Callard, directrice générale de Médecins pour un Canada sans fumée.
Inefficace pour les fumeurs, mais attirant pour les jeunes
« Les résultats de l'enquête soulignent à quel point la nicotine est toxicomanogène », affirme Mme Callard. « Peu importe la méthode ou le produit utilisé, la grande majorité - huit sur dix - des tentatives d'arrêt échouent. Un tel constat devrait inciter Santé Canada à prioriser davantage la prévention de la dépendance à la nicotine en réduisant notamment son attrait et sa disponibilité pour les jeunes. »
Une étude récente, basée sur l'enquête Compass menée auprès d'élèves du secondaire au Québec, indique d'ailleurs que « les sachets de nicotine semblent gagner en popularité auprès des jeunes Canadiens » et avertit que ces produits « pourraient connaître la même popularité que les cigarettes électroniques ». En effet, les élèves du Québec étaient presque aussi nombreux à déclarer à avoir utiliser dans les 30 derniers jours des sachets nicotiniques (2,6 %) que des cigarettes (3 %), et ce, en dépit de leur disponibilité plus limitée sur le marché québécois.
Par ailleurs, des données canadiennes issues de l'Enquête internationale sur le tabagisme et le vapotage chez les jeunes (ITC) révèlent que les jeunes sont principalement motivés à utiliser des sachets de nicotine « par plaisir », « par curiosité » et pour l'effet recherché. L'arrêt tabagique est la raison la moins souvent invoquée.
« La promotion d'outils de cessation inefficaces semble désormais faire partie intégrante du plan d'affaires de l'industrie du tabac, qui a tout à gagner de la persistance du tabagisme et de la dépendance aux nouveaux produits nicotiniques. La promotion des sachets de nicotine ne menace pas les revenus liés à la vente de cigarettes, qui demeurent aussi élevés qu'auparavant, tandis que de tels produits gagnent en popularité chez les non-fumeurs, notamment des jeunes », ajoute Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
Des efforts de lobbying pour réintroduire les sachets dans les dépanneurs
Dans le cadre de la campagne acharnée visant à affaiblir la réglementation de 2024, les fabricants de tabac et leurs alliés ont recours à des publicités pleine page, des pétitions officielles et officieuses, des lettres d'opinion et un recours juridique. Menés par les deux principaux fabricants de cigarettes au Canada, Imperial Tobacco (ITC) et Rothmans, Bensen & Hedges (RBH), ces efforts s'appuient notamment sur des groupes de façade, au financement opaque, tels que bringbackthepouches.ca et quitclub.com. (Des exemples des moyens de pression utilisés sont présentés ici.)
En effet, la campagne « Unsmoke » de RBH a inondé l'Internet, plus particulièrement les sites de nouvelles, de publicités politiques. Ces publicités exagèrent le rôle que jouent les nouveaux produits nicotiniques, dont les sachets et les cigarettes électroniques, dans le sevrage tabagique, occultant leur impact sur la dépendance des nouvelles générations de Canadiens et les risques inhérents que ces produits comportent.
Des députés en appui aux cigarettiers ?
« Personne ne sera surpris par les tactiques déployées par l'industrie du tabac, qui ont pour effet de tromper le public et les politiciens quant aux impacts sanitaires de leurs produits. Mais il est alarmant de constater que certains députés semblent avaler le discours des grands cigarettiers concernant les sachets de nicotine, en réclamant eux aussi un assouplissement des mesures entourant ces produits addictifs », ajoute Les Hagen, directeur de ASH Canada. Une campagne et plusieurs pétitions ont été lancées par des députés demandant l'abrogation de la réglementation sur les sachets de nicotine.
« À tout le moins, le soutien politique à la propagande de l'industrie doit cesser et des mesures supplémentaires doivent être mises de l'avant pour protéger les jeunes. La réglementation actuelle sur les sachets de nicotine doit être maintenue et les efforts de réglementation doivent être intensifiés afin de s'attaquer à toutes les formes de consommation de nicotine chez les jeunes, dont le vapotage chez les jeunes, un phénomène qui reste répandu en raison de l'inaction du gouvernement concernant les arômes et autres pratiques marketing », conclut Mme Doucas.
Plusieurs autres pays ont purement et simplement interdit les sachets de nicotine, reconnaissant que les risques de consommation par les jeunes et leur faible potentiel de sevrage l'emportent sur les bénéfices pour la population d'une légalisation. Heureusement, malgré leur disponibilité continue au Canada, la réglementation fédérale semble limiter la consommation chez les jeunes par rapport aux juridictions appliquant des restrictions moins strictes.
Lien vers une compilation d'exemples de tactiques de pression de l'industrie et ses alliés
visant à affaiblir les contrôles sur la vente de sachets nicotiniques : https://cqct.qc.ca/Communiques_docs/2025/PRSS_25_12_03_Annexe_TactiquesProSachets.pdf
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

CONTACT : Cynthia Callard : 613-600-5794, Flory Doucas : 514-515-6780, Les Hagen : 780-919-5546
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