Une faim spirituelle habite toujours les Québécois et les Québécoises
MONTRÉAL, le 16 déc. 2019 /CNW/ - Plus de cinquante ans après la Révolution tranquille, un grand nombre de Québécois et de Québécoises ont le goût de vivre leur foi dans un contexte non dogmatique et souple selon un sondage Léger commandité par l'Église Unie du Canada.
« Il y a toujours l'écho des abus de pouvoir commis par les institutions religieuses et dénoncés lors de la Révolution tranquille dans les années 1960. Les gens se méfient des Églises en tant qu'institution, c'est clair dans ce sondage, dit la pasteure Joëlle Leduc. Par ailleurs, nous voyons qu'il y a chez les individus une possibilité de découvrir la foi à leur manière. »
L'Église Unie du Canada a commandité ce sondage avec Léger auprès des francophones au Québec pour mieux comprendre les besoins de cette population et de voir comment elle pouvait répondre à ces besoins de façon novatrice.
Pasteure de l'Église Unie de Sainte-Adèle, une paroisse francophone des Laurentides au Québec, Mme Leduc se dit encouragée, notamment par l'ouverture des jeunes. « C'est certain que les gens qui ont vécu l'impact d'une Église qui exerçait un contrôle extrême sur la société et sur la morale individuelle ont voulu prendre un recul en rejetant ce genre de pouvoir. Selon l'étude, les jeunes qui ne portent pas les blessures de cette époque sont plus ouverts, souligne la pasteure. Aujourd'hui, l'Église chrétienne n'est plus la voix dominante dans la société, et une souplesse du dogme combinée à une ouverture véritable sont des qualités que les jeunes souhaitent chez les Églises ».
La méfiance envers l'institution est très profonde. Seul un très petit nombre de personnes sondées veulent que l'Église et le clergé jouent un rôle important dans l'éducation religieuse ou spirituelle des enfants. La majorité préfère que cette éducation soit faite en famille ou à l'école. De même pour ce qui est de vivre une expérience spirituelle. Une proportion variant entre 24% et 41% préfèrerait en faire la découverte dans des cafés, des lieux de nature, des centres communautaires et même des maisons plutôt que dans des églises. La population québécoise semble toujours très peu intéressée à vivre la foi au sein d'institutions qui dictent quoi penser et quoi croire.
Le rejet de l'Église a entraîné un vide quant aux rites de passage des différentes étapes de la vie. Les gens retournent à l'Église pour les mariages, les funérailles, et même les baptêmes. Il importe de se doter de moyens d'expression pour célébrer ces rites. À noter que 91 % des personnes répondantes ont fait baptiser au moins un de leurs enfants (lorsqu'ils en ont), et plus de 70 % veulent le faire, malgré le fait que 65 % se disent croyants et que moins de 20 % se disent chrétiens pratiquants.
Le sondage démontre que le taux de satisfaction au chapitre de la vie spirituelle augmente avec l'âge. Les plus jeunes sont moins satisfaits de leur vie spirituelle. Dans un même temps, ils sont relativement plus ouverts à découvrir « une Église contemporaine qui propose de nouvelles idées ». « C'est le jumelage entre l'insatisfaction concernant la vie spirituelle et l'ouverture à vivre la foi autrement chez les jeunes qui m'encourage en tant que pasteure, mais surtout en tant que chrétienne », affirme la pasteure Leduc. « Je crois que le modèle du Christ en est un qui devrait être vivant et ouvert, et non limité aux vieilles façons de vivre sa foi. Il semble que je ne suis pas seule ».
« Malheureusement, l'Église en tant qu'institution a parfois fermé la porte à la découverte, insistant sur sa manière de voir les choses. Il est temps d'ouvrir plus grand les portes! » ajoute la pasteure.
Sur les questions sociales et religieuses telles que le rôle des femmes, le divorce, le célibat des prêtres, la contraception, l'avortement ou les questions de sexualité humaine, plus des trois quarts des Québécois et des Québécoises francophones souhaitent que l'Église se modernise.
« Sur ces questions sociales, les Québécois et les Québécoises ont fait le même cheminement que l'Église Unie au fil des cinquante dernières années, dit la pasteure. C'est bien de constater que les valeurs de notre Église s'arriment autant aux valeurs de la population québécoise! » Plusieurs communautés de foi francophones de l'Église Unie du Canada existent depuis plus d'un siècle, mais elles demeurent peu connues parmi les francophones du Québec. La plus vieille paroisse protestante francophone du Canada est l'Église Unie de Belle-Rivière, dans la région de Mirabel.
Ce sondage Léger a été réalisé du 2 au 15 septembre 2019 auprès de 2 002 Québécois et Québécoises francophones*, âgés de 18 ans et plus, qui se disent chrétiens, pratiquants ou non, non croyants, mais spirituels, ou d'une autre forme de spiritualité (pas athée, pas d'une autre religion).
Quelques faits saillants du sondage :
Malgré un très faible pourcentage de gens qui se disent pratiquants (18 %), 70 % disent avoir des valeurs spirituelles, 65 % se disent croyants et 91 % se disent catholiques romains. Or seulement 83 % des personnes répondantes disent connaître l'Église catholique romaine. L'identité culturelle du catholicisme demeure très présente.
Le taux d'insatisfaction au chapitre de la vie spirituelle varie selon l'âge :
- les 55 ans et plus - 24 %;
- les 18 à 34 ans - 33 %.
42 % des 18 à 54 ans se disent « intéressés par une Église chrétienne contemporaine qui proposerait de nouvelles idées ». Ce chiffre se réduit à 34 % pour les 55 ans et plus.
L'exploration de la foi et la spiritualité se ferait de préférence à l'extérieur des églises. Les options qui ont été plus populaires que le sanctuaire d'église sont :
- un café;
- un lieu de nature (un parc, une forêt);
- un concert/évènement musical;
- une maison;
- un centre communautaire.
À noter - Tous ces endroits sont dépourvus d'images liées aux Églises.
72 % des personnes répondantes sans enfants disent vouloir faire baptiser leurs enfants. 91 % de ceux qui en ont disent avoir fait baptiser au moins un des enfants à leur charge.
Les gens ne font pas confiance à l'Église pour ce qui est de l'enseignement spirituel ou religieux à leurs enfants. Les personnes répondantes ont suggéré que la source primaire de cet enseignement devrait être :
- les parents (70 %, 77 % parmi les 55 ans et plus);
- l'école (6 %);
- la société (5 %);
- la famille élargie (4 %);
- l'Église ou le clergé (3 %).
Quand ils doivent choisir une deuxième option du responsable en matière d'éducation spirituelle et religieuse, à peine 20 % de la population favorisent l'Église/le clergé, derrière l'école et la famille élargie.
Pour ce qui est des valeurs sociales de la population francophone au Québec, nous avons posé la question : « Supposons qu'une Église contemporaine propose les éléments suivants, dans quelle mesure est-ce une bonne idée? » Voici les réponses les plus fréquentes (% très ou plutôt bonne idée présentés) :
- une perspective plus ouverte par rapport à la contraception : 88 %**;
- l'autorisation du mariage des religieux : 87 %**;
- l'ordination des femmes en tant que prêtres : 84 %**;
- l'autorisation du remariage des personnes divorcées : 84 %**;
- une perspective plus ouverte par rapport au droit de l'interruption volontaire de grossesse : 80 %;
- l'autorisation du mariage des personnes de même sexe : 78 %;
- la possibilité pour tous les fidèles de recevoir la communion : 77 %;
- la confession faite directement à Dieu, sans avoir à passer par un prêtre : 77 %**;
- une perspective plus ouverte par rapport à une diversité dans les croyances : 77 %.
Parmi les personnes non pratiquantes, nous avons cherché à connaître les obstacles à la participation à l'Église. Les six réponses les plus fréquentes sont :
- L'horaire ne me convient pas (26 %).
- Il faudrait que plusieurs choses changent (18 %, 31 % parmi les femmes).
- Les abus commis par les prêtres (16 %).
- Parce qu'on m'oblige de croire à des choses/pas d'espace pour l'exploration (12 %).
- Ça ne touche pas ma vie quotidienne (12 %).
- Je n'aime pas les positions prises par l'Église (11 %).
56 % des personnes sondées ne connaissent pas l'Église Unie. À cela s'ajoutent 25 % qui en ont une opinion ni mauvaise, ni bonne.
* À titre informatif, la marge d'erreur maximale pour un échantillon de 2 002 personnes répondantes est de ±2,2 %, et ce, 19 fois sur 20 (dans 95 % des cas).
**Proportion significativement supérieure chez les 55 ans et plus.
SOURCE Église Unie du Canada

Pour de plus amples renseignements, ou pour toute demande d'entrevue, veuillez communiquer avec Éric Hébert-Daly, responsable des Ministères en français de l'Église Unie du Canada : 819 593-7479, [email protected]
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