Soutien à domicile : selon la Protectrice du citoyen, avoir un proche aidant peut devenir un critère d'exclusion...
MONTRÉAL, le 3 avril 2012 /CNW Telbec/ - Les proches aidants le savaient déjà, mais le Rapport d'enquête de la Protectrice du citoyen sur les services de soutien à domicile au Québec le confirme : si les plaintes au sujet des services de soutien à domicile ont grimpé en flèche récemment, c'est que l'accessibilité aux services s'est dégradée dangereusement ces dernières années et que le nombre d'heures de services auxquelles les gens ont droit est souvent plafonné. La Protectrice note même qu'avoir un proche aidant est parfois perçu comme un nouveau critère d'exclusion. Malheureusement, la vigueur des critiques de la Protectrice du citoyen contraste avec le moment choisi pour rendre public ses conclusions, soit un vendredi après-midi. Pour le Regroupement des aidants naturels du Québec, ce serait inacceptable que cet excellent rapport n'entraîne pas les correctifs nécessaires.
Le Rapport d'enquête parle de la situation des personnes qui ont une «incapacité significative et persistante». Les services d'aide à l'hygiène, à l'alimentation et à la mobilité, par exemple, sont très difficiles à obtenir même pour les personnes pour qui ces services sont absolument recommandés. Ceux qui reçoivent des services se butent aux normes administratives qui plafonnent ces services bien en deça des services requis. De façon générale, la Protectrice note l'écart entre la réalité, les belles intentions des déclarations et les politiques en vigueur.
Le Regroupement des aidants naturels du Québec rappelle que les proches aidants constatent au quotidien cette dégradation des services de soutien à domicile surtout en terme de quantité. On coupe en partie ou en totalité des services aux usagers sans tenir compte des conséquences sur leur santé et leur bien-être, ainsi que sur le quotidien des proches aidants pour qui la charge de travail augmente proportionnellement. Pourtant être proche aidant doit être volontaire selon la politique de soutien à domicile. Toutefois, selon la Protectrice du citoyen, Madame Saint-Germain, dans les faits, il ne résulte pas nécessairement d'un choix libre et éclairé. Plusieurs proches aidants disent qu'ils n'ont pas eu le choix. Si en plus, leur présence devient un obstacle pour recevoir les services, il s'agit d'un véritable cercle vicieux.
Les proches aidants sont ces personnes qui offrent, sans rémunération, du soutien à une personne de leur entourage atteinte d'une incapacité, quelle que soit cette incapacité et quel que soit l'âge de la personne. Les proches aidants ou aidants naturels, forment la structure portante du réseau de la santé car ils assument plus de 80% du soutien à domicile dont les personnes malades ont besoin pour continuer à vivre chez elles. Des organismes communautaires de proches aidants se sont mis sur pied depuis une vingtaine d'années au Québec et contribuent à ce que les aidants naturels se reconnaissent comme tels, se donnent la permission de prendre soin aussi d'eux-mêmes et remettent leur vie en mouvement. Le RANQ est leur regroupement.
Selon Johanne Audet, vice-présidente du RANQ, «avant que les aidantes et les aidants ne s'épuisent, ne s'isolent et ne s'appauvrissent encore davantage, vivement des investissements à la hauteur des besoins. Le Québec a besoin d'une véritable volonté politique pour plus de services de soutien à domicile. Il faut aussi en finir avec le détournement par les CSSS des budgets de soutien à domicile pour leur permettre d'atteindre l'objectif de déficit zéro qui leur est imposé».
Le 3 mars 2011, Québec a annoncé 45 millions de dollars de plus pour le soutien à domicile tout en exigeant en parallèle au réseau de la santé des compressions de 300 millions en plus de l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Johanne Audet partage la préoccupation de la Protectrice du citoyen, Mme Saint-Germain qui s'est interrogée «sur l'utilisation réelle de ces 45 millions dans ce contexte».
Source : Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ)
Contact : Sylvie Gagnon, Agente de communication du RANQ, courriel : [email protected] tél.: 1-866-523-4484 poste 4 ou cellulaire (438) 838-7549
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