Recourir au privé après un an d'attente pour une chirurgie - Le gouvernement accélère l'abandon du réseau public
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Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ16 oct, 2025, 11:11 ET
QUÉBEC, le 16 oct. 2025 /CNW/ - La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ dénonce vivement la décision du gouvernement Legault d'autoriser les patient-e-s en attente d'une chirurgie depuis plus d'un an à se tourner vers le privé. Pour la FIQ, cette mesure est un aveu d'échec du ministre Christian Dubé à réparer le réseau public et une étape de plus dans la privatisation déguisée de la santé au Québec.
Si des centaines de patient-e-s attendent depuis aussi longtemps pour une chirurgie, c'est en partie à cause de l'exode des professionnelles en soins et des médecins vers le privé. Ces Québécois-e-s paient des impôts et s'attendent à ce que le système public puisse les soigner dans un délai raisonnable. Plutôt que de s'attaquer aux causes profondes des délais, le gouvernement choisit de contourner le problème en ouvrant la porte au privé, fragilisant encore davantage le réseau public.
« Ce que le ministre nous présente comme une "mesure transitoire", c'est en réalité un abandon du réseau public, un transfert de patient-e-s -- et bientôt de fonds publics -- vers le privé. C'est une capitulation en règle déguisée en solution temporaire », déplore Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
Pour la Fédération, permettre aux patients d'aller au privé après un an d'attente revient à institutionnaliser le fait que l'État n'est plus capable de soigner à temps sa population. Cela crée une rupture d'égalité entre les citoyen-ne-s et consacre l'idée d'un réseau de santé à deux vitesses. « Ce que le gouvernement instaure, c'est une sorte d'"arrêt Jordan médical" : si l'État est incapable d'offrir un soin dans des délais raisonnables, il se décharge de sa responsabilité en envoyant un-e patient-e au privé. C'est grave, c'est contraire à l'universalité des soins et c'est le signe d'un gouvernement qui renonce à réparer le réseau public », affirme Mme Bouchard.
Pour la FIQ, cette mesure n'est qu'un pansement sur une jambe de bois. « Ce n'est pas en externalisant les chirurgies qu'on va reconstruire un réseau solide. C'est en investissant dans les équipes, en stabilisant le personnel et en valorisant les professionnelles en soins. Le gouvernement fait tout le contraire », se désole la présidente de la FIQ.
La FIQ déplore que le gouvernement répète les mêmes erreurs qu'il a commises ailleurs : en externalisant son expertise. Dans le domaine informatique, Québec a confié à répétition des projets clés au privé, avec les résultats désastreux que l'on connaît : retards, dépassements de coûts, systèmes défaillants et perte de savoir-faire interne. « Après avoir perdu le contrôle de ses systèmes informatiques, le gouvernement semble prêt à perdre le contrôle de ses salles d'opération. On sait pourtant comment cette histoire se termine : plus de coûts, moins d'efficacité et un État affaibli », avertit Mme Bouchard.
Sous couvert d'efficacité, le gouvernement Legault institutionnalise peu à peu l'idée que le privé peut "aider" le public, alors qu'il en draine les ressources et sape sa capacité d'agir. Ce projet-pilote, d'abord en chirurgie plastique puis en orthopédie, risque de devenir permanent comme tant d'autres "mesures temporaires" avant lui. « Ce qu'il faut, ce n'est pas d'ouvrir plus grand la porte au privé, c'est de redonner au public les moyens de ses ambitions. On ne sauvera pas la santé avec des chèques, mais avec du respect, de la stabilité et de la reconnaissance pour celles qui la font vivre au quotidien », conclut la présidente de la FIQ.
À propos de la FIQ
Créée en 1987, la FIQ représente près de 90 000 professionnelles en soins (infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques) qui travaillent dans les établissements de santé à travers le Québec. Organisation féministe composée à près de 90 % de femmes, la FIQ se consacre à la défense des droits de ses membres, tout en veillant à la qualité des soins offerts à la population et à la pérennité du réseau public de santé.
SOURCE Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ

Renseignements : Philippe Desjardins, conseiller aux communications, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ, Cellulaire : 581 995-0762, [email protected]
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