Lettre d'opinion par Victor-Lévy Beaulieu
TROIS-PISTOLES, QC, le 30 mars /CNW Telbec/ -
Quand on parle de laïcité ouverte, c'est de l'hypocrisie pure et simple
parce que la laïcité ouverte n'est rien d'autre que ce qui existe déjà.
Moi qui ne crois pas à ce monde tordu des croyances, je lutte depuis 1964
pour la laïcisation du Québec parce que toutes les religions ne sont plus
que de la pourriture.
Que Jean Charest, le Bloc québécois et Québec solidaire ne comprennent
pas que les Églises sont un cancer qui a tué et continue de tuer plus de
monde que toutes les guerres (dont elles sont presque toujours l'origine
d'ailleurs), me sidère. Qu'ils considèrent que le catholicisme constitue
l'une des valeurs fondamentales de notre société, alors que notre Église
a vendu son âme au diable anglais et l'a servi lâchement pour mieux faire
de nous une sous-humanité, me répugne. Qu'il y ait toujours un crucifix à
l'Assemblée nationale du Québec et qu'on tienne à l'y voir rester, dit
bien jusqu'à quel point nous sommes sadomasochistes et névrosés.
Quand Radio-Canada fait appel à un professeur d'université d'ascendance
juive, soi-disant agnostique, mais défendant la laïcité ouverte, voilà ce
que j'appelle un détournement d'information, surtout si le savant
professeur est là pour me faire croire que les signes religieux ne
constituent pas en soi un prosélytisme, que porter la croix chrétienne au
cou, les bouclettes juives de chaque bord des oreilles, le kirpa à la
ceinture et le foulard islamique dessus la tête, sont tout à fait
admissibles, aussi bien dans l'espace public qu'ailleurs, ce n'est là que
de la perversité.
Du temps que je militais activement pour l'indépendance du Québec, que je
portais un macaron du RIN ou du Parti québécois au revers de ma veste, on
refusait que je les porte dans les maisons d'enseignement et dans toutes
nos institutions parce que, me disait-on, du seul fait de les arborer, je
faisais du prosélytisme. Pourquoi ce qui est vrai en politique ne l'est
plus lorsqu'il s'agit de religion?
Quand Amir Khadir et Mère Therésa défendent la laïcité ouverte, soi-
disant parce qu'elle permet aux immigrants de mieux s'intégrer, quel
retournement de sens! De la même espèce que celle qui essaie de nous
faire croire que Montréal est une ville interculturelle! Les Juifs de
sortent pas de leur ghetto, pas plus que les Chinois, les Musulmans, les
Grecs ou les Anglais : ils ne communiquent même pas entre eux! Comment
peut-on faire semblant de penser qu'ils le font avec la nation québécoise
et française, qu'ils s'intéressent à notre culture? Nous lisent-ils?
Écoutent-ils notre musique? Voient-ils notre cinéma? Notre théâtre? La
réponse, c'est : non, pantoute! Ce qui explique que Montréal est devenue
au nom des accommodements déraisonnables (langue, éducation, travail) une
ville de ghettos, et c'est l'une des raisons pourquoi les francophones la
désertent de plus en plus.
Quand le maire Tremblay croit qu'il suffira de quelques raccommodements
financiers pour que les francophones repeuplent la nécropole, il prend sa
vessie pour une lanterne! Il ne comprend surtout pas l'écœurement des
francophones qui, eux, ne peuvent pas se servir des chartes des droits et
libertés pour revendiquer les leurs! Le sionisme du Conseil juif
désormais québécois (quelle hypocrisie encore!) est là pour nous en
donner la preuve tous les jours!
Quand on veut que je me définisse par rapport aux autres, quand les
musulmans, les chrétiens, les juifs et tous les autres fous de Dieu
considèrent qu'il n'y a que moi à avoir des devoirs puisqu'eux ont tous
les droits, et que ces droits-là sont pour tout dire divins, je hurle
qu'il est temps qu'on reprenne ce combat pour la vraie laïcité, qu'on
croyait avoir gagné, mais qui, dans mes mauvais jours, me paraît être un
combat qu'on a désastreusement perdu parce que, au nom de la politique
sale, veule et aliénée, on a laissé notre langue et notre être se
corrompre et se pervertir au point que voilà où nous en sommes : à
laisser les autres nous imposer ce que nous devrions être, c'est-à-dire
les larbins de leur fanatisme.
Quand on ne sait pas encore que Dieu est mort, que les Églises sont de
grandes salopes et les religions la négation de toute civilisation, on
reste dans le trou noir de son obscurantisme, on n'écœure pas les autres
avec!
Renseignements: Victor-Lévy Beaulieu, (418) 851-8888, [email protected]
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