OTTAWA, le 11 févr. 2014 /CNW/ - Nous, les signataires, implorons le gouvernement fédéral de cesser la mise en œuvre de politiques budgétaires d'austérité dont le seul objectif est politique et est l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2015.
Depuis le milieu des années 1990, nous avons été les témoins d'une période durant laquelle, sous l'influence des mêmes économistes qui réclamaient la déréglementation des marchés financiers aux États-Unis, au Canada et dans les autres pays du G20, nous avons subi des politiques gouvernementales qui ont mené l'économie mondiale au bord du gouffre en 2008. Après avoir initialement mis en place des mesures de relance budgétaire afin d'empêcher l'économie canadienne de plonger dans la dépression, le gouvernement actuel a fait un virage à 180 degrés lors du sommet du G20 à Toronto, en décidant de cibler, comme avant 2008, l'équilibre budgétaire ou des surplus budgétaires. Ce revirement a eu lieu malgré le fait que les taux d'emploi de la main d'œuvre continuent de stagner à des niveaux bien inférieurs à ceux qui prévalaient avant la récession.
Nous croyons que ces politiques d'austérité constituent une grave erreur. Non seulement la réduction des dépenses gouvernementales est inappropriée dans le contexte actuel, mais de plus la préoccupation première du gouvernement fédéral devrait être l'obtention de revenus élevés et le plein emploi pour tous les Canadiens, plutôt que l'atteinte d'un objectif politique insaisissable, celui d'un budget équilibré, qui condamne l'économie canadienne à rester prise dans un état permanent de stagnation. Contrairement aux pays de la zone euro, le Canada est un pays souverain avec sa propre monnaie et un taux de change flexible, et à ce titre le Canada ne fait face à aucune des contraintes budgétaires qui empêchent les pays de la zone euro de procéder à des dépenses financées par des déficits afin de stabiliser leurs économies.
Tandis que le taux de croissance persiste à rester faible et le taux de chômage élevé, et alors que l'économie mondiale est en proie à une incertitude croissante, jamais vue depuis les années 1930, le gouvernement doit poursuivre des politiques budgétaires expansionnistes, en particulier sous la forme d'investissements publics. Ceci aidera le secteur privé à solidifier sa santé financière et l'incitera à accroître ses propres investissements, menant ainsi à une reprise de la croissance du secteur privé. Au contraire, la réduction des dépenses gouvernementales créera davantage d'incertitude chez un grand nombre de ménages et d'entreprises au Canada et elle affaiblira l'activité économique.
Le premier ministre a fait un discours (en novembre 2008) où il affirmait avoir autrefois étudié pour devenir professeur de science économique, plus particulièrement en théorie macroéconomique, en économie politique et en histoire économique. Ce serait malavisé d'ignorer les leçons du passé. L'histoire économique nous enseigne que les politiques budgétaires actuelles, identiques à celles des années 1930, ont tout simplement conduit les économies canadienne et mondiale vers un état de stagnation continue durant toute la période qui a précédé la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, pendant la guerre, la crainte des déficits budgétaires a été mise de côté, et l'économie canadienne s'est vite rétablie. C'est maintenant qu'il faut poursuivre des politiques favorables à la croissance; ce n'est pas le moment de faire de l'austérité budgétaire. Les taux d'intérêt très faibles ont été une mesure insuffisante pour stimuler la croissance durant les années 1930, et il en va de même aujourd'hui. Ce dont nous avons besoin présentement c'est un accroissement, et non la réduction, des dépenses publiques, ainsi que la mise au rencart de l'idéologie de l'austérité.
Signé par environ 70 économistes dont :
Fletcher Baragar (Associate Professor of Economics, University of Manitoba)
Robin Boadway (Professor emeritus of Economics, Queen's University)
Paul Bowles (Professor of Economics, University of Northern British Columbia)
Mathieu Dufour (Assistant Professor of Economics, John Jay College, CUNY, NY)
Pierre Fortin (Professeur des sciences économiques, Université du Québec à Montréal)
Andrew Jackson (Packer Professor, York University)
Marc Lavoie (Professeur de science économique, Université d'Ottawa)
John Loxley (Professor of Economics, University of Manitoba)
Brian MacLean (Professor of Economics, Laurentian University)
Mike McCracken (Economist, CEO, Informetrica Limited)
Anthony Myatt (Professor of Economics, University of New Brunswick, Fredericton)
Lars Osberg (Professor of Economics, Dalhousie University)
Kari Polanyi Levitt (Professor emerita of Economics, McGill University)
Louis-Philippe Rochon (Professeur agrégé d'économique, Université Laurentienne)
Mario Seccareccia (Professeur de science économique, Université d'Ottawa)
John Smithin (Professor of Economics, York University)
Brenda Spotton Visano (Professor of Economics and Public Policy, York University)
Jim Stanford (Economist, Unifor)
Mel Watkins (Professor emeritus of Economics, University of Toronto)
Erin Weir (Economist, United Steelworkers and President, Progressive Economics Forum)
La liste complète est disponible à: http://www.progressive-economics.ca/2014/02/11/economists-against-austerity/
SOURCE : Progressive Economics Forum
Louis-Philippe Rochon ([email protected]) Tel.: 647-505-1976
Mario Seccareccia ([email protected]) Tel.: 613-562-5800 x 1691
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