Lettre ouverte - La proposition de la CSN-Construction : irréaliste, inadaptée, rigide, improductive
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CONSEIL PROVINCIAL DU QUEBEC DES METIERS DE LA CONSTRUCTION (INTERNATIONAL) - CPQMC-I23 mars, 2012, 12:30 ET
MONTRÉAL, le 23 mars 2012 /CNW Telbec/ - Voici la lettre ouverte en réaction aux propos tenus par le président de la CSN-Construction dans le Journal de Montréal, le 22 mars 2012.
Le président de la CSN-Construction connaît bien mal l'industrie de la construction pour penser que le concept de la sécurité d'emploi qu'il propose puisse s'y appliquer, alors que même en usine où une telle mesure existe, elle est difficilement applicable. Parlez-en aux travailleurs d'Avéos ou du Journal de Montréal et de Québec.
La CSN-Construction ignore-t-elle vraiment que la construction ne peut pas faire les choses comme ailleurs ? Elle doit composer avec une demande de main-d'œuvre qui fluctue d'un mois à l'autre, qui doit être mobile et suivre les projets de construction. Ses bassins de main-d'œuvre sont inégalement répartis au Québec et les travailleurs suivent les chantiers sans être liés à un employeur.
Maintes commissions et autres comités ont étudié cette industrie depuis des décennies. La réponse de ces spécialistes à l'insécurité d'emploi a invariablement tourné autour de l'adoption d'une véritable politique du marché du travail adaptée à cette industrie dont l'un des volets comprenait l'amélioration de la compétence des travailleurs, opinion que notre association syndicale défend depuis de nombreuses années.
Cette revendication du Conseil provincial (International), fort de l'appui des autres associations syndicales, a permis la mise sur pied des fonds de perfectionnement de la main-d'œuvre afin de permettre annuellement à plus de 20 000 travailleurs d'améliorer leur sécurité d'emploi en augmentant leurs compétences. Lors de la récente adoption du projet de loi 33, le gouvernement libéral a fait une brèche importante dans cet acquis en transférant ce mandat aux fonctionnaires de la CCQ, allant ainsi à l'encontre des recommandations de son propre comité d'experts, dont deux des membres étaient d'anciens permanents de la CSN.
Ce même comité d'experts avait aussi recommandé le maintien du placement syndical avec un meilleur encadrement. Encore ici, le gouvernement a passé outre la recommandation de son comité en abolissant le placement syndical. Pourtant, cette façon de faire est un mécanisme parfaitement adapté à la réalité du marché du travail dans l'industrie de la construction, qui requiert la capacité de procurer aux employeurs une main-d'œuvre compétente là où elle est requise, en quantité et en qualité suffisantes selon le métier ou l'occupation recherchés.
Il y a cependant une mesure qui a été proposée depuis fort longtemps par le Conseil provincial (International) pour accroître la sécurité d'emploi dans la construction et qui a toujours été ignorée par nos gouvernements, soit la planification des travaux publics de construction. Il s'agirait que les gouvernements étalent le plus possible leurs travaux durant la saison morte en laissant le champ libre au secteur privé pendant la belle saison. Cela assurerait une répartition du travail plus équitable tout au long de l'année entre les travailleurs permanents de l'industrie de la construction. Du coup, leur sécurité d'emploi serait accrue. En fait, l'empilement des travaux pendant la moitié de l'année est cause d'inflation des coûts de construction (heures supplémentaires et pénurie de matériaux), et d'un tragique dossier en matière de santé et de sécurité.
La sécurité d'emploi telle que mise de l'avant par la CSN-Construction est incompatible avec la réalité du marché du travail de l'industrie de la construction si l'on vise la sécurité d'emploi par employeur. Le Conseil provincial (International) préconise plutôt l'adoption d'une véritable politique du marché du travail axée sur la gestion par les partenaires patronaux et syndicaux des relations du travail, du perfectionnement et du recyclage des employeurs et de leur main-d'œuvre, et des structures administratives librement négociées, et, conjointement avec les gouvernements, l'établissement un véritable programme de planification des travaux.
Ce sont ces mesures qui nous mèneront à l'amélioration de la sécurité d'emploi et de revenu dans l'industrie de la construction au Québec et non pas des règles rigides et improductives comme celles proposées par le président de la CSN-Construction.
Fondé en 1964, le Conseil provincial (International) représente 40 000 travailleuses et travailleurs de l'industrie de la construction, répartis au sein de 28 sections locales de métiers ou d'occupations. Plusieurs de ces sections locales sont centenaires. Elles ont façonné l'industrie de la construction au Québec.
Pour entrevue et information : Nicolas Roussy, tél. 514 512-3235
Source : Conseil provincial du québec des métiers de la construction (International)
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