Le gouvernement Harper décime la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme : l'industrie gagne gros English
OTTAWA, le 17 avril 2012 /CNW/ - L'Association pour les droits des non-fumeurs (ADNF) réagit avec colère et atterrement à la récente annonce des détails du budget et à leur effet sur la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme. Les études montrent clairement que la meilleure façon d'enrayer l'usage du tabac repose sur une approche globale soutenue et bien financée qui mise surtout sur les politiques de contrôle du tabac et qui implique un partenariat entre le gouvernement et les organismes non gouvernementaux. Pour Melodie Tilson, directrice des politiques de l'ADNF, « le gouvernement Harper fait fi de l'évidence. Il coupe le tiers du budget de sa Stratégie, réduit son approche à quelques groupes cibles et met fin à des décennies d'appui aux intervenants en santé par le truchement du financement sous forme de contribution. »
Dans le domaine de la promotion de la santé, la Stratégie était sûrement l'initiative la plus efficace de l'histoire du gouvernement fédéral - que ce soit en termes de décès et de maladies évités, de qualité de vie améliorée, de rentabilité ou de coûts épargnés en soins de santé. Le taux de tabagisme chez les Canadiens de 15 ans et plus a chuté de 24 % à 17 % de 2000 à 2010 (une baisse de 1,1 million de fumeurs et d'un demi-million de décès dus au tabac). Depuis la création de la Stratégie, l'usage du tabac chez les jeunes a été réduit de moitié, ce que peu d'autres pays ont accompli. Selon une analyse commandée par Santé Canada, le pays épargne une moyenne de 8 500 $ en frais de santé chaque fois qu'une personne cesse de fumer. Ayant accordé 500 millions de dollars à la Stratégie depuis dix ans, le gouvernement fédéral s'attend donc à économiser 9,6 milliards dans le seul domaine des soins directs, soit près de 20 fois son investissement.
Pourquoi le gouvernement Harper éviscère-t-il un programme qui lui épargne de l'argent, qui sauve des vies canadiennes et qui protège la santé et le bien-être des jeunes? « Voyez à qui la décision profite : les seuls qui y gagnent - et ils gagnent gros - sont les compagnies de tabac »,affirme Garfield Mahood, directeur fondateur de l'ADNF. En coupant le financement des organismes de santé, le gouvernement Harper donne essentiellement l'avantage à l'industrie pour ce qui est d'influer sur les décisions politiques fédérales. » Par le passé, le gouvernement fédéral finançait les organismes de santé notamment pour équilibrer les forces en présence et veiller à ce que les ressources inépuisables des compagnies de tabac ne supplantent pas la totalité des voix en santé publique.
Sans les organismes de santé qui ont fait la lumière sur l'accès préférentiel que les décideurs accordent à l'industrie du tabac, de même que sur son lobbying agressif et soutenu à l'encontre des nouveaux avertissements sur les paquets de tabac, le gouvernement n'aurait pas adopté ces derniers. « En réponse aux pressions des compagnies, le gouvernement Harper avait initialement mis le projet en veilleuse, précise Tilson. Ce n'est là qu'un exemple de ce qui nous attend à l'avenir. »
Depuis le premier rapport scientifique important ayant prouvé, il y a 50 ans, que le tabagisme cause le cancer, les compagnies de tabac ont cherché à affaiblir, retarder ou contrer toute mesure protégeant le public de leurs campagnes trompeuses et de la dépendance mortelle qu'engendrent leurs produits. En réponse à ces activités destructrices, la Convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac a requis de tous les pays signataires qu'ils prennent des mesures empêchant l'industrie de nuire aux initiatives de contrôle du tabac. « Le gouvernement Harper n'a pas seulement failli à cette obligation, il a clairement signalé aux compagnies qu'il leur ouvrait grand les bras », ajoute Tilson.
« Dans d'autres pays, le tabagisme a augmenté quand le contrôle du tabac a été affaibli », renchérit François Damphousse, directeur du bureau québécois de l'ADNF. « Les mesures de contrôle ne surgissent pas du vide : en santé publique, les efforts visant leur adoption se heurtent sans arrêt à la résistance d'une industrie créative, bien nantie et rapace, qui ne cherche qu'à maximiser ses profits en asservissant de nouvelles générations au moyen de ses produits. » En mettant la hache dans les Subventions et Contributions aux organismes de santé nationaux et régionaux, le gouvernement Harper affaiblit gravement les groupes qui contribuent depuis longtemps, de manière significative et bien documentée à l'élaboration de mesures de contrôle du tabac.
Alors que le gouvernement australien adopte une loi requérant la vente de cigarettes dans des emballages neutres, hausse les taxes sur le tabac de façon substantielle, lance une intense campagne de marketing social étalée sur plusieurs années et accroît son soutien aux fumeurs désireux d'arrêter afin d'atteindre l'ambitieux objectif d'une prévalence de 10 % d'ici 2018, le gouvernement canadien, lui, abandonne sa stratégie exhaustive de contrôle et son propre objectif d'un taux de 12 % en 2011.
En dépit des progrès accomplis, le tabac demeure la première cause de maladies et de décès - qui pourraient entièrement être évités. « L'heure n'est ni à un changement de cap, ni à l'abandon du vaisseau, conclut Tilson, pas lorsque 5 millions de Canadiens fument encore, dont 22 % de jeunes adultes. » Il est possible de faire chuter le tabagisme bien en dessous du taux actuel, mais pas sans une collaboration entre le gouvernement fédéral et les organismes de santé sans but lucratif, et pas sans un appui fédéral soutenu à l'égard d'une stratégie globale de lutte contre le tabagisme.
Renseignements:
François Damphousse, directeur, bureau du Québec
514 843-3250 (bureau)
514 237-7626 (cellulaire)
Melodie Tilson, directrice des politiques
613 230-4211, poste 3 (bureau)
613 882-6125 (cellulaire)
Garfield Mahood, directeur fondateur
416 928-2900 (bureau)
416 451-4285 (cellulaire)
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