MONTRÉAL, le 15 sept. 2025 /CNW/ - Pour le Comité d'action politique motocycliste (CAPM-E), actif depuis plus de 30 ans auprès de la SAAQ, les ratés du projet SAAQclic n'ont rien d'un accident isolé. Ils illustrent plutôt un problème structurel enraciné depuis longtemps dans la culture de gestion de la Société de l'assurance automobile du Québec et de sa relation ambiguë avec le politique.
La Commission Gallant révèle progressivement l'ampleur des lacunes dans la mise en œuvre du système SAAQclic. Si certains acteurs semblent découvrir la gravité de la situation, pour le CAPM-E, il s'agit de la confirmation d'un malaise présent depuis des décennies.
Un recul dans la reddition de comptes
Depuis la réforme de 2004, bien intentionnée pour protéger le fonds d'indemnisation, le gouvernement a réduit sa capacité à superviser efficacement la SAAQ. La création d'un Conseil d'experts, désigné en partie sur recommandation de la Société, a affaibli les mécanismes de surveillance, limitant les élus au rôle d'observateurs des résultats. Ce désengagement, souligné par la Vérificatrice générale et maintenant par la Commission Gallant, a contribué à un déficit de reddition de comptes.
D'ailleurs, vous trouverez ci-joint une lettre expédiée au Ministère des Transports et de la mobilité durable et au conseil d'administration de la SAAQ en mars 2025, concernant les préoccupations du CAPM-E face au rapport du comité d'experts que nous qualifions de « rapport de complaisance » envers la SAAQ. Nous vous faisons grâce de la réponse reçue, laquelle traduit bien le peu de sensibilité de cette organisation pour le groupe d'usagers vulnérables que constituent les motocyclistes.
Des décisions questionnables, une réaction tardive
La gouvernance actuelle n'a pas su faire preuve de la vigilance nécessaire. La nomination d'un nouveau PDG en avril 2023 n'a pas corrigé le cap, et le conseil d'administration n'a pas réagi avec la rigueur attendue. Du côté ministériel, malgré les annonces de mesures correctrices, les actions concrètes sont arrivées tard. Le congédiement récent du PDG semble davantage répondre à une pression publique qu'à une volonté de transformation en profondeur.
Il ne s'agit pas simplement d'un échec technique, mais d'une culture organisationnelle qui, à l'abri d'une position de monopole, s'est peu remise en question. Ce contexte a nourri une certaine opacité dans les décisions et une distance croissante vis-à-vis des citoyens et partenaires. À titre d'exemple, la réticence initiale de la SAAQ à ne pas divulguer certains documents à l'enquête menée par l'UPAC illustre l'opacité de cette organisation et son absence de sensibilité au désir des citoyens de connaître la vérité.
Une responsabilité partagée par le politique
Les élus ont une large part de responsabilité. En acceptant, au fil du temps, une gouvernance distante, sans suivi rigoureux ni critères clairs pour la nomination des dirigeants de la SAAQ, ils ont permis cette dérive. D'ailleurs, nous joignons un texte du CAPM-E, qui a circulé à l'interne et qui date de novembre 2024, intitulé « En quoi l'équité peut-elle engendrer de la discrimination ? ». Ce texte était presque prémonitoire quant à ce que cette distance pourrait engendrer. Le manque de responsabilisation est préoccupant, surtout dans une entité qui gère des fonds publics.
Depuis 2018, la SAAQ a connu une croissance importante de ses effectifs, sans que cela ne se traduise par une amélioration visible de l'efficacité. Il est légitime de s'interroger sur la gestion des ressources et sur la pertinence des décisions prises au plus haut niveau.
Des nominations qui méritent d'être examinées
Le flou entourant les critères de sélection des membres de la haute direction et du Conseil d'experts soulève d'autres inquiétudes. Si la direction peine à livrer les résultats attendus, peut-on présumer que ces mêmes failles se retrouvent aussi au sein des comités chargés de valider ses décisions?
Une réforme en profondeur s'impose
Si les firmes privées mandatées pour le projet CASA avaient livré un système performant sans interruption de service, la situation aurait-elle été révélée ou simplement dissimulée? La question mérite d'être posée.
Le fiasco SAAQclic pourrait n'être que la partie visible d'un problème plus vaste. Il nous apparaît essentiel que le mandat de la Commission Gallant soit élargi pour examiner l'ensemble des mécanismes de gouvernance, les nominations et les pratiques qui, au fil du temps, ont affaibli l'efficacité et la mission de la SAAQ.
Pour éviter de répéter les mêmes erreurs
Il serait regrettable que, comme souvent, aucune responsabilité individuelle ne soit assumée et qu'aucune somme indûment versée ne soit récupérée. Encore une fois, ce sont les citoyens -- conducteurs, motocyclistes et contribuables -- qui devront assumer les conséquences.
Depuis 2004, une barrière a été érigée entre le politique et la SAAQ. Ce cloisonnement est contraire aux principes de la responsabilité ministérielle, qui exige un suivi actif, et non passif, des organismes publics. Si cette approche se répète avec d'autres entités comme Santé Québec ou Mobilité Infra Québec, le gouvernement pourrait reproduire les mêmes vulnérabilités.
Il ne suffit plus de promettre que « ce sera différent ». L'expérience démontre le contraire. Les élus passent, mais les structures demeurent. Et si personne ne corrige la trajectoire, ce sont les citoyens qui continueront à payer le prix… y compris les motocyclistes.
La lettre expédiée au Ministère des Transports et de la mobilité durable et au conseil d'administration de la SAAQ ainsi que le texte « En quoi l'équité peut-elle engendrer de la discrimination ? » sont disponibles sur demande.
Yves Albert Desjardins, FCPA
Président, CAPM-E
SOURCE Comité d'action politique motocycliste

Personne à contacter : Jeannot Lefebvre, Trésorier & Porte-Parole, Comité D'Action Politique Motocycliste -Escargot (CAPM-E), tresorier.capm.egmail.com, 514-7054408
Partager cet article