MONTRÉAL, le 24 mars 2016 /CNW Telbec/ - Dans son premier budget, le nouveau gouvernement fédéral justifie ses imposants déficits par l'argument voulant que la dette nette du Canada soit nettement plus faible que celle des autres pays du G7. Toutefois, en utilisant la dette brute au lieu de la dette nette, l'endettement en pourcentage du PIB passe de 38 % à 90 %, selon un Point publié aujourd'hui par l'IEDM.
Rappelons que les déficits annoncés dans le récent budget sont de 29,4 milliards $ pour 2016-2017, soit 1631 $ par contribuable imposable, et de 113 milliards $ au total d'ici cinq ans.
« La dette nette est une mesure où on a soustrait les actifs financiers », explique Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM et auteur de la publication. « Dans le cas du Canada, on a soustrait, par exemple, les actifs des régimes de retraite de la fonction publique, ou encore les liquidités que détient le gouvernement sous forme de dépôts, de dollars, ou tout autre actif financier monnayable. »
Le problème avec la dette nette est qu'il s'agit d'une fiction comptable. L'État, même en période de crise, ne pourrait pas se défaire de ses actifs financiers pour rembourser sa dette puisqu'il a toujours besoin de liquidités pour ses opérations normales et pour provisionner les retraites futures de ses fonctionnaires.
« On imagine mal un gouvernement rembourser sa dette avec les réserves des régimes de pension et autres actifs financiers qui servent au fonctionnement au jour le jour », dit Mathieu Bédard.
Aussi, le gouvernement paie des impôts sur la dette brute, et non sur sa dette nette. Dans le plus récent budget, par exemple, les frais de dette publique brute s'élèvent à 25,7 milliards $ et s'élèveront à 35,5 milliards $ en 2020-2021. Ces paiements d'intérêts empêcheront des baisses d'impôts et limiteront la marge de manœuvre du gouvernement.
« Lorsqu'on prend en compte la dette brute, la marge de manœuvre importante dont prétend disposer le gouvernement fédéral n'existe donc pas et ne permet pas de justifier les importants déficits à venir », conclut Mathieu Bédard.
Le Point intitulé « Le Canada a-t-il vraiment une marge de manœuvre pour s'endetter? » est signé par Mathieu Bédard, économiste à l'IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
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L'IEDM est un organisme de recherche et d'éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l'IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Pascale Déry, conseillère principale, communications et développement, IEDM / Tél. : 514-273-0969 p. 2233 / Cell. : 514-502-6757 / Courriel : [email protected]
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