Des groupes de réflexion canadiens réclament une "révision générale" de
l'OTAN
OTTAWA, le 23 mars /CNW Telbec/ - Une étude approfondie par deux des principaux instituts canadiens s'intéressant à la défense, aux affaires étrangères et à la sécurité énonce 10 recommandations percutantes concernant la réforme et le renouvellement de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
"Il y a, pensons-nous, un certain nombre de concepts qui devraient guider le renouvellement de l'OTAN", explique Paul Chapin, ancien haut fonctionnaire des Affaires étrangères et auteur principal de l'étude. "Même aujourd'hui, d'énormes actifs militaires sont encore consacrés à une défense territoriale statique, particulièrement dans les pays européens. L'Alliance finance encore ses opérations en s'appuyant sur des arrangements archaïques qui pénalisent ceux qui sont les plus consentants à apporter leur aide. Et, les États démocratiques clés, non-membres de l'OTAN, doivent être une partie plus intégrale des discussions en matière de politiques et des décisions concernant notre sécurité collective".
"Le Concept stratégique actuel remonte à 1999 et il est inspiré par une monde avant 9/11 qui n'existe plus", a déclaré le colonel à la retraite Alain Pellerin, directeur exécutif de l'Institut de la Conférence des associations de la défense (Institut de la CAD), qui a publié le rapport de concert avec l'Institut Canadien de la Défense et des Affaires Étrangères (ICDAE). "Les défis que doit affronter la sécurité d'aujourd'hui sont de nature mondiale, un fait que la carte routière stratégique se doit de reconnaître."
Le rapport, intitulé "La sécurité dans un monde d'incertitude : un point de vue canadien sur le nouveau concept stratégique de l'OTAN", sera distribué à plusieurs centaines de politiciens, d'universitaires et d'officiers militaires supérieurs dans tous les pays membres et partenaires de l'OTAN. Les collaborateurs qui ont participé à la rédaction du document constituent un véritable "bottin mondain" de la défense, de la sécurité, de la diplomatie et des milieux universitaires, et comprend un ancien Ministre de la défense, des anciens chefs de l'état major de la défense, un ancien président du Comité militaire de l'OTAN, un greffier du Conseil privé, des ambassadeurs à la retraite, un sénateur, et d'éminents historiens et universitaires.
Voici quelques-unes des principales conclusions du rapport :
- S'engager à une nouvelle formule de financement des opérations. Le principe actuel a été particulièrement onéreux pour les États-Unis et le Canada qui ont eu à déployer, maintenir et rapatrier personnel et équipement sur des distances beaucoup plus grandes que les membres européens afin de contribuer aux opérations de l'OTAN. Entre temps, des douzaines de projets d'infrastructure de l'OTAN en Europe bénéficient toujours d'un financement commun et notamment de programmes hérités de l'époque de la Guerre froide; - Retenir le principe du consensus comme base de la prise de décisions de l'Alliance, mais réformer la lourde structure de comités et les encombrants processus de prise de décisions de l'OTAN ; - Chacun des déploiements opérationnels récents des forces de l'OTAN a illustré le profond besoin pour un corps civil de réaction rapide et expéditionnaire alimenté par l'expertise qui se trouve dans les cinq douzaines de membres et de partenaires de l'Alliance. - Améliorer les relations avec les pays et les autres organisations qui partagent le fardeau et le prix que réclame le maintien de la sécurité internationale.
"Je n'ai jamais mâché mes mots quant aux raisons et aux façons de réformer l'OTAN", a déclaré le major-général à la retraite Lewis MacKenzie, un des collaborateurs de l'étude. "C'est un document qui combine une vision de l'avenir de l'OTAN avec quelques recommandations qui sont vraiment enracinées dans la réalité. Si l'OTAN devait retenir plusieurs, ou même un petit nombre, de ces recommandations, l'organisation s'en porterait déjà beaucoup mieux."
"L'OTAN a besoin du Canada ... et le Canada a besoin de l'OTAN", affirme M. John Scott Cowan (Ph. D.), Président de l'Institut de la CAD. "Et là encore, l'expérience de l'Afghanistan a montré aux Canadiens la nécessité du renouvellement de l'Alliance, pour une Alliance qui colle plus à nos intérêts, qui est plus agile et qui répond mieux aux défis actuels qui se posent à la sécurité mondiale. Mais cela ne veut pas dire qu'il faille retourner à la case départ - on a de meilleures chances de succès à bâtir sur ce qui existe déjà qu'à tout recommencer."
En avril 2009, lors de leur plus récent sommet à Strasbourg-Kehl, les chefs d'État et de Gouvernement ont chargé le Secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, d'élaborer un nouveau Concept stratégique qui aura pour fonction de guider l'Alliance dans les années qui viennent. Depuis ce temps, l'OTAN a entrepris une ambitieuse série de consultations, ce qui, pour le moment, augure bien pour les difficiles discussions qui sont encore à venir. Le rapport de l'Institut de la CAD / ICDAE veut présenter un point de vue canadien qui contribuera aux travaux et aux négociations entre les membres de l'OTAN qui auront lieu pendant l'été et l'automne de 2010, dans le but d'aboutir à une entente lors du sommet de l'OTAN, à Lisbonne, à l'automne cette année.
"Notre intention est de contribuer à influencer la discussion actuelle et le débat en cours sur ce que devrait être l'avenir de l'OTAN", a déclaré Alain Pellerin.
Une conférence de presse aura lieu à l'Amphithéâtre national de la presse, 150, rue Wellington, Ottawa (Ontario), le Mars 24 à 11h00.
Le rapport complet est disponible sur le site Web www.natoconcept.ca
Renseignements: Pour demandez une copie du rapport, ou pour des entrevues des médias avec plusieurs des collaborateurs du rapport, veuillez communiquer avec l'Institut de la CAD au (613) 236-9903 ou, par courriel, à l'adresse [email protected]
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