Abattoirs de volailles : Un petit abattoir réclame des règles plus équitables
SAINTE-HÉLÈNE-DE-BAGOT, QC, le 23 juin 2021 /CNW Telbec/ - Alors que des dizaines de milliers de poulets sont euthanasiés inutilement chaque semaine en raison du conflit de travail qui perdure depuis maintenant un mois chez Exceldor, le 18 juin dernier, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec a rejeté la demande de l'entreprise Volailles des Cantons qui souhaitait voir son volume d'abattage être rehaussé en vertu de la Convention de mise en marché du poulet. Cette demande visait à permettre à cette PME de Roxton Pond, qui élève elle-même plus de 8 000 poulets par semaine, d'abattre et de transformer dans son propre abattoir la totalité des poulets élevés sur sa ferme.
La crise actuelle que traverse Exceldor, tout comme la crise sanitaire de la COVID-19 des 15 derniers mois, démontrent qu'en termes d'alimentation, il devient plus que jamais nécessaire d'avoir plusieurs fournisseurs et plus d'agilité au sein de la filière avicole. Le système de gestion de l'offre a fait ses preuves et assure un niveau juste de production afin de répondre aux besoins des consommateurs. Or, la trop forte concentration des capacités d'abattage entre les mains de géants de la transformation et le pouvoir qu'ils ont actuellement nuisent au système et empêchent l'émergence de nouveaux acteurs viables dans le secteur de l'abattage, augmentant ainsi la dépendance de notre société face à Olymel et Exceldor, qui contrôlent à eux seuls 96 % des volumes d'approvisionnement garantis (VAG). Cette situation de duopole au niveau de l'abattage, si elle continue d'être tolérée, rend le Québec vulnérable à de nouvelles ruptures d'approvisionnement et donc, met potentiellement en péril notre autonomie alimentaire. Le poulet étant une protéine de qualité à prix accessible pour toutes les familles québécoises, on doit éviter que la concentration au niveau de l'abattage ne permettent pas aux éleveurs de remplir leur contrat social.
C'est le message qu'a envoyé aujourd'hui le président de Volailles des Cantons, M. Martin Dion, qui a lancé un cri d'alarme afin que les règles soient revues pour les rendre plus équitables pour les abattoirs de plus petite taille, favorisant ainsi l'émergence de nouveaux joueurs et d'une saine concurrence dans le secteur de l'abattage et de la transformation de la volaille. Pour l'occasion, M. Dion était accompagné de représentants de deux des plus importants acteurs du domaine de la restauration au Québec, Groupe St-Hubert et Benny&Co., qui appuient les demandes de Volailles des Cantons.
Citations
« Alors que nos compétiteurs, qui détiennent déjà la quasi-totalité du marché, ont accès à une croissance de leur production sans frais, induite par la simple croissance de la demande de poulet par les consommateurs, les petits abattoirs locaux comme nous sont obligés d'acquérir de nouveaux volumes d'approvisionnement garantis (VAG), et ce à nos frais. À nos yeux, il est nécessaire de revoir les règles du jeu afin qu'elles soient équitables pour tous. Il en va non seulement de la pérennité de la filière avicole et du maintien de la gestion de l'offre - un système qui a fait ses preuves avec succès - mais également de l'autonomie alimentaire du Québec tout entier. » - Martin Dion, président, Volailles des Cantons
« Nous sommes très préoccupés par la situation entourant les négociations entre Exceldor et son syndicat en ce moment. Notre industrie a été fortement affectée dans les derniers mois à cause de la pandémie et maintenant que nous entrevoyons un retour à une certaine normalité, nous devons subir un autre revers majeur : un manque d'approvisionnement en poulets dans nos rôtisseries. Il est grand temps que la répartition des volumes d'approvisionnement garantis (VAG) soit révisée afin que d'autres entreprises puissent répondre aux besoins des différents joueurs de l'industrie. » - Richard Scofield, président, Groupe St-Hubert
« Ayant par le passé témoigné de ses réserves face au modèle actuel des VAG à la Régie des marchés agricoles et alimentaires ainsi qu'au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, Benny&Co. soutient la position de M. Dion. En effet, la situation de pénurie sur le marché est la preuve que le système de VAG ne convient plus au contexte actuel. L'attribution des VAG, qui favorise une concentration de 96% du marché de l'abattage entre les mains d'uniquement deux joueurs, empêche la traçabilité de notre produit. Le modèle ne favorise pas non plus l'innovation, par exemple en ce qui a trait aux méthodes d'élevage différentes ou à l'élevage de différentes variétés de poulet. En résumé, le système tel qu'il est aujourd'hui met en péril l'approvisionnement en volailles pour la population québécoise. » - Nicolas Filiatrault, vice-président, finances et administration, Benny&Co.
« Les Éleveurs ont un contrat social avec la population qui est d'offrir, en quantité juste et en qualité, le poulet pour les consommateurs québécois et canadien, grâce au système de la gestion de l'offre. Il est important que tous les maillons de la filière, même ceux en aval, puissent permettre de remplir cet engagement. Il faut avoir de l'agilité dans la transformation, diminuer la concentration et développer des modèles d'affaires de toutes tailles afin de répondre à la demande du marché et éviter qu'une autre crise ne survienne. » - Pierre-Luc Leblanc, président, Les Éleveurs de volailles du Québec
À propos de Volailles des Cantons
Volailles des Cantons est une entreprise familiale d'élevage de poulets sans antibiotique et sans produit animal située à Roxton Pond, aux portes des Cantons-de-l'Est. Son actuel président, Martin Dion, représente la troisième génération d'éleveurs transformateurs de volailles, suivant les traces de son père, Michel, et de son, grand-père, Dollard, qui a fondé l'entreprise au milieu du vingtième siècle.
Chaque jour, l'équipe de Volailles des Cantons s'active à élever et à transformer des volailles de qualité qui vont au-delà des standards de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. L'abattoir de Volailles des Cantons, situé à Sainte-Hélène-de-Bagot, entre Drummondville et Saint-Hyacinthe, emploie une quarantaine de travailleurs et a la capacité d'abattre jusqu'à 35 000 volailles par semaine.
SOURCE Volailles des Cantons
Raphaël Melançon, Trafalgar Stratégies, 514 444-6968, [email protected]
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