QUÉBEC, le 29 oct. 2025 /CNW/ - Deux ans après l'interdiction de vente des saveurs de vapotage au Québec le 31 octobre 2023, le Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs (CCID) dresse un bilan très négatif de cette mesure. Ce dernier estime qu'elle a fait chuter les ventes légales de 103 M$ par année, soit 206 M$ depuis deux ans. À ces pertes s'ajoute une baisse d'achalandage que le CCID estime à 86 000 clients/semaine, soit 9 millions de clients au total. Tout cela au profit d'un marché illégal en pleine expansion alors que l'usage des saveurs a grimpé auprès des jeunes et dans la population en général.
« Depuis que les dépanneurs ne peuvent plus vendre de saveurs, les consommateurs se tournent massivement vers les commerces de contrebande, avec tous les effets pervers connus : produits non supervisés, taxes non perçues, absence de vérification d'âge et financement de la criminalité. Il faut corriger le tir… et vite! », de lancer Michel Gadbois, vice-président du CCID.
Un échec sur tous les plans
Selon des données récentes (2024-2025) de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la prévalence du vapotage chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans a augmenté de 20 % cette année. Pire encore, 80 % des vapoteurs utilisent désormais le plus souvent des saveurs interdites -- fruits, menthol, bonbons, etc. -- dont la vente légale est pourtant prohibée depuis octobre 2023.
De plus, alors que les dépanneurs ont cessé toute vente de saveurs afin de se conformer à la loi, le réseau des quelque 400 vapoteries du Québec continue d'en vendre indirectement par le biais de "rehausseurs de saveur", un moyen grossier de contourner la réglementation sous les yeux des autorités. En parallèle, certaines réserves autochtones, notamment celle de Wôlinak près de Trois-Rivières, se sont jointes au mouvement et font ouvertement la promotion de produits interdits sur le web, en toute impunité.
Cela sans compter sur les sites de vente de vapotage en ligne qui ont littéralement explosé. Le CCID a d'ailleurs dévoilé une étude dénombrant pas moins de 600 sites de vente en ligne de vapotage accessibles aux consommateurs québécois, la plupart situés dans les autres provinces canadiennes qui, elles, n'ont pas les mêmes restrictions que le Québec.
Des mesures qui se font attendre
Face à l'échec évident de sa réglementation, le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, a déclaré en 2024 ne pas vouloir tolérer la vente de rehausseurs de saveur en misant sur la présence d'inspecteurs sur le terrain pour faire respecter sa loi. On sait toutefois aujourd'hui que c'est peine perdue : l'équipe d'inspecteurs de Santé Québec, qui compte à peine une trentaine de personnes, a renoncé à réprimer les rehausseurs car aucune, ou presque, n'a été mise à l'amende pour cette raison tandis que les dépanneurs, de leur côté, affiche une conformité exemplaire à ne pas vendre de saveurs ni de produits du tabac aux mineurs (96% aux derniers tests).
« Après deux ans, toutes les données indiquent que la mesure ne fonctionne pas et qu'elle empire la situation sur tous les plans. On veut donc savoir du gouvernement ce qu'il entend faire pour corriger ses erreurs mis à part de miser sur des inspecteurs impuissants. On veut un vrai plan et de vraies solutions et non pas des paroles creuses! », selon M. Gadbois.
Deux possibilités : répression accrue ou assouplissement
En guise de solutions, le CCID propose deux pistes tangibles. La première serait un plan de répression crédible, qui inclut une hausse du nombre d'inspecteurs, des poursuites pour vente de rehausseurs de saveurs, des mesures innovantes pour contrer la vente en ligne et autres. L'autre solution serait d'assouplir la réglementation pour permettre aux dépanneurs de vendre quelques saveurs de fruits aux adultes seulement.
« Si la SQDC vend du cannabis pour couper l'herbe sous le pied du marché noir et que Loto-Québec fait de même avec le jeu, je ne vois pas pourquoi cette approche de vente légale ne serait pas la bonne aussi pour les dépanneurs et les saveurs », de conclure M. Gadbois.
À propos du CCID
Le Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs (CCID) est un conseil national regroupant les plus grandes chaînes de dépanneurs au pays ainsi que de nombreuses bannières régionales et leurs détaillants affiliés. L'industrie des dépanneurs emploie 51 138 Québécois, génère des ventes de 14,2 G $ au Québec en biens et services et remet annuellement en taxes 6,7 G$ au Québec, soit presque la moitié des ventes.
SOURCE Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs (CCID)

Source : Michel Gadbois, vice-président du Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs, T : (514) 946-1522, C : [email protected]
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