Les entreprises québécoises investissent peu dans les technologies et l'équipement de pointe
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HEC Montréal - Centre sur la productivité et la prospérité30 janv, 2014, 06:00 ET
MONTRÉAL, le 30 janv. 2014 /CNW Telbec/ - Les entreprises québécoises investissent moins dans les machines et le matériel (logiciels, machinerie industrielle et agricole, matériel de bureau, meubles, équipement de transport, outils de télécommunication, etc.) que leurs homologues canadiennes. En chute libre au Québec, ce type d'investissement a subi un recul considérable au cours des années 2000, révèle une étude récente réalisée par le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal. « Or, c'est justement cette catégorie d'investissements qui influe le plus directement sur la productivité du travail, souligne Robert Gagné, directeur du CPP. Cette situation pourrait donc s'avérer particulièrement néfaste pour l'économie du Québec. »
Affichant un PIB de 54,95 $ par heure travaillée en 2012, le Québec est devenu moins productif que plusieurs pays industrialisés et que la plupart des provinces canadiennes au cours des trente dernières années. Par cette étude, le CPP cherchait donc à explorer différentes pistes susceptibles d'améliorer la performance du Québec à ce chapitre et à mieux comprendre ce qui pouvait expliquer ce retard chronique.
Un recul considérable
Plus spécifiquement, l'étude révèle que l'investissement privé en machines et matériel a chuté au Québec au cours de la dernière décennie. Alors que ce type d'investissement représentait un peu plus de 8 % du PIB de la province en 1999, il est inférieur à 5 % en 2012. Ainsi, l'investissement privé en machines et matériel en proportion du PIB de la province a diminué de 40 % au cours de cette période. Bien que cette baisse ne soit pas propre au Québec, l'ampleur du phénomène y a été plus marquée. Alors qu'au tournant de l'an 2000, le Québec dépensait proportionnellement autant en machines et matériel que l'ensemble du Canada, cette province est devenue l'endroit où la part de cet investissement dans le PIB est la plus faible au pays. Une position que le Québec partage avec l'Ontario.
« Même si d'autres types d'investissements comme la construction de nouveaux bâtiments permettent aux entreprises d'accroître leur productivité, toutes les recherches montrent que les gains les plus importants proviennent des investissements qu'elles font en matériel de production. Ainsi, pour une entreprise, il sera plus payant de changer ses façons de faire en automatisant certains processus que d'agrandir ses usines, car accroître sa capacité de production n'influera pas nécessairement sur sa productivité. Par contre, miser sur de meilleurs outils aura un impact direct sur le rendement de ses employés et, par conséquent, sur la performance de l'entreprise », explique Robert Gagné.
Par ailleurs, il n'y a pas qu'à l'échelle canadienne que le Québec fait piètre figure. Lorsqu'on compare ses investissements à ceux d'une vingtaine de pays industrialisés, cette province arrive également en queue de peloton.
Sur une note plus positive, on remarque toutefois qu'une hausse notable du niveau d'investissement privé en machines et matériel s'est produite au Québec en 2012. Cette progression reflète-t-elle une tendance à long terme ou s'agit-il d'un phénomène annuel isolé ? Seul l'avenir pourra le préciser. Il est cependant trop tôt pour parler d'un rattrapage du Québec par rapport à la moyenne canadienne à ce chapitre.
Un rendez-vous manqué
Cette analyse révèle qu'au cours des douze dernières années, les entreprises québécoises ont considérablement réduit leurs dépenses en machines et matériel. Une façon de faire qui ne peut que les défavoriser sur les plans de la créativité et de l'innovation, deux déterminants qui sont pourtant essentiels à la productivité du travail. Cette situation est d'autant plus inquiétante que depuis 1981, l'effort d'investissement en machines et matériel au Québec n'a jamais été aussi faible.
« À la lumière de ces résultats, un constat s'impose : loin d'être efficaces, les politiques publiques adoptées au Québec en matière de soutien aux entreprises ont échoué, déplore Robert Gagné. Et pourtant, les exportations ayant du plomb dans l'aile, l'heure n'est plus aux tergiversations. Pour demeurer dans la course, le Québec doit trouver un moyen d'encourager ses entreprises à investir davantage dans de meilleurs équipements ; il en va de sa capacité à assurer sa croissance économique et à mettre un terme au retard qu'il accuse depuis de trop nombreuses années en matière de productivité. »
Pour en savoir plus :
- Consultez le rapport Productivité et prospérité au Québec - Bilan 2013 ou sa version anglaise Productivity and Prosperity in Quebec - Overview 2013 ;
- Téléchargez le communiqué de presse en anglais.
À propos du Centre sur la productivité et la prospérité
Créé en 2009, le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal mène une double mission. Il se consacre d'abord à la recherche sur la productivité et la prospérité en ayant comme principaux sujets d'étude le Québec et le Canada. Ensuite, il veille à faire connaître les résultats obtenus en organisant des activités de transfert, de vulgarisation et, ultimement, d'éducation. Pour en apprendre davantage sur le Centre, visitez le www.hec.ca/cpp.
SOURCE : HEC Montréal - Centre sur la productivité et la prospérité
Liette D'Amours
Responsable des relations médias
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