Le sénateur P. Michael Pitfield annonce sa retraite après une brillante
carrière dans la fonction publique
OTTAWA, le 1er juin /CNW Telbec/ - Le sénateur indépendant P. Michael Pitfield a fait aujourd'hui la déclaration suivante :
"J'ai annoncé aujourd'hui mon intention de quitter le Sénat le à minuit le 1 juin 2010. Servir son pays est, je crois, le plus grand privilège qui puisse être donné à un Canadien. Pendant 50 ans, j'ai servi le Canada en tant que haut fonctionnaire et sénateur. À titre de secrétaire du Cabinet, de greffier du Conseil privé et de sénateur indépendant, j'ai cherché à faire participer les Canadiens aux politiques publiques, ainsi qu'à les amener à mieux comprendre le gouvernement fédéral et à y avoir davantage accès. Au sein de l'appareil gouvernemental, le Sénat est une institution à la fois très complexe et spécifiquement canadienne. Il joue un rôle vital en matière d'examen des lois et de représentation des régions, et nombreux sont ceux, hommes et femmes, qui ont travaillé fort pour en assurer le bon fonctionnement et l'efficacité, en tant que deuxième chambre. Même si un système de gouvernement n'est jamais parfait, nous devons miser sur le génie de ce système pour qu'il soit toujours pertinent, tant pour la fonction publique fédérale que pour les Canadiens, au quotidien. Comme je l'ai déjà déclaré, en matière constitutionnelle, le premier pas n'est presque jamais le dernier et, si l'on se concentre uniquement sur le changement comme tel et non sur ses conséquences, on risque le chaos. Et cela vaut tant dans la vie qu'au Sénat. Tout au long de ma carrière, j'ai eu l'honneur de représenter le Canada à divers titres. Au cours des dernières décennies, en particulier, j'ai eu l'immense privilège de servir le pays avec mes collègues du Sénat. Malheureusement, en raison de ma santé défaillante, je ne suis plus en mesure de contribuer autant que je le souhaiterais, à titre de sénateur, aux affaires publiques du pays. C'est pourquoi je quitterai mon poste à minuit le 1 juin 2010, laissant à un autre le soin de s'acquitter de cet important devoir civique."
Le sénateur Pitfield est entré dans la fonction publique en 1959. Au sommet de sa carrière, il a occupé le poste de secrétaire du Cabinet et greffier du Conseil privé. Il a été nommé au Sénat en 1982 par le Premier ministre Pierre Trudeau et a, depuis, occupé le poste de sénateur sans être affilié à aucun parti politique.
Une notice biographique suit.
Sénateur P. Michael Pitfield
C.P., C.V.O., C.R.
Le sénateur Pitfield a passé cinquante ans au service du Canada, d'abord comme haut fonctionnaire puis comme sénateur. Il est encore à ce jour le plus jeune Canadien à avoir accédé aux fonctions de greffier du Conseil privé. Il est aussi généralement reconnu pour avoir modernisé la fonction publique, pour son rôle dans le rapatriement de la Constitution et pour l'ardeur avec laquelle il a encadré des jeunes professionnels de l'administration fédérale.
Conseiller auprès des premiers ministres ----------------------------------------
Le sénateur Pitfield s'est surtout fait connaître par son travail de greffier du Conseil privé au cours des années 1970 et au début des années 1980, alors qu'il a travaillé, avec les gouvernements du très honorable Pierre Trudeau, à tous les grands dossiers de l'heure.
On se souviendra particulièrement du rôle clé qu'il a joué lors du rapatriement de la Constitution et de la création d'une Charte des droits et libertés, en 1982, sans doute les deux réalisations les plus marquantes du gouvernement Trudeau. Pour reprendre ses propres termes :
Le rapatriement de la Constitution couronnait l'évolution d'un pays parvenu à maturité, sans les troubles que connurent d'autres nations pendant qu'elles se bâtissaient. Il existait une volonté nationale de construire ensemble, selon le principe du plus grand bien pour le plus grand nombre. [traduction]
Le sénateur Pitfield est aussi connu pour son apport considérable aux processus décisionnels du gouvernement. Lorsqu'il occupait les fonctions de greffier, il a constaté la nécessité d'un processus décisionnel s'appuyant sur des preuves et un raisonnement empiriques, en raison de la complexité grandissante du gouvernement.
Il a donc ordonné une révision et une transformation en profondeur du système des comités du Cabinet, ainsi que de tout le régime de gouvernement qui s'en suit. Les mémoires au Cabinet ont vu le jour sous sa conduite. Il a aussi été à l'origine d'une nouvelle structure pour les comités du Cabinet, et notamment de la création du Comité du Cabinet chargé des priorités et de la planification. M. Pitfield a également jeté les bases de la première Direction de l'appareil gouvernemental au Bureau du Conseil privé.
Carrière à la fonction publique -------------------------------
M. Pitfield entreprend sa carrière à la fonction publique en 1959, comme adjoint administratif de l'honorable Davie Fulton, alors ministre de la Justice et procureur général du Canada dans le gouvernement Diefenbaker. Il compte parmi ses collègues le futur premier ministre Brian Mulroney et les futurs ministres Marc Lalonde et Lowell Murray. C'est à cette époque qu'il obtient un diplôme d'études supérieures en droit (avec spécialisation en droit public) de l'Université d'Ottawa.
Il est ensuite secrétaire et directeur administratif de la Commission royale d'enquête sur les publications, présidée par Grattan O'Leary. La Commission s'était vue chargée par le premier ministre Diefenbaker d'examiner les difficultés auxquelles se heurtait alors l'industrie canadienne de l'édition. De 1961 à 1965, il occupe le poste d'attaché auprès du Gouverneur général du Canada, Son Excellence le très honorable major-général Georges-Philéas Vanier, qu'il conseille en matière constitutionnelle.
En 1962, il est nommé secrétaire et directeur de la recherche auprès de la Commission royale d'enquête sur la fiscalité, dirigée par Kenneth Carter, laquelle propose, dans son rapport, des réformes en profondeur du système fiscal qui auront conservé toute leur pertinence des décennies plus tard.
M. Pitfield arrive au Bureau du Conseil privé en 1965. Un des premiers rôles qu'on lui confie est de faire partie d'un comité spécial chargé de créer une nouvelle distinction nationale. Le travail du comité aboutit à l'inauguration, en 1967, de l'Ordre du Canada, la plus haute distinction nationale accordée à des Canadiens pour leurs réalisations ou leurs services remarquables à la nation.
De 1965 à 1973, il occupe plusieurs postes au Bureau du Conseil privé, dont ceux de secrétaire adjoint du Cabinet, de sous-secrétaire du Cabinet (Plans), de sous-secrétaire principal du Cabinet et de greffier adjoint du Conseil privé.
Il est nommé en 1973 sous-ministre de la Consommation et des Corporations et sous-secrétaire général du Canada. Un de ses principaux accomplissements dans ce rôle est d'avoir contribué à l'élaboration de la Loi sur le Time et le Reader's Digest, qui visait à augmenter le coût des annonces publicitaires dans les périodiques canadiens, ce qui devait s'avérer un excellent stimulant pour l'industrie canadienne.
M. Pitfield devient professeur invité de l'Institute of Politics de l'Université Harvard en 1974.
En 1975, à l'âge de 37 ans seulement, il est nommé au poste le plus élevé au sein de la fonction publique fédérale, celui de greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, par le premier ministre Trudeau. Il est alors le plus jeune Canadien à accéder à ces fonctions, qu'il occupe pendant quatre ans, au cours desquels il aide le gouvernement à traverser la période de turbulences économiques qui frappent le Canada dans la seconde moitié des années 1970.
Il quitte brièvement la fonction publique en 1979 pour aller enseigner à la John F. Kennedy School of Government de l'Université Harvard, en tant que titulaire de la Chaire MacKenzie King d'études canadiennes.
Rappelé à Ottawa en 1980 par le premier ministre Trudeau, il retrouve son poste de greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, qu'il occupe jusqu'en décembre 1982, lorsqu'on l'appelle au Sénat.
Au cours de sa carrière, M. Pitfield joue également un rôle actif dans la création de l'Institut de recherche en politiques publiques (IRPP). Membre du tout premier conseil d'administration de cet institut, en 1972, il est fait membre à vie en 2002, à l'occasion du trentième anniversaire de l'IRPP.
Nomination et carrière au Sénat -------------------------------
Le 22 décembre 1982, M. Pitfield est nommé au Sénat du Canada, où il décide de siéger comme indépendant. Il continue de s'intéresser avec et pour les Canadiens à des questions de politique publique, soit en privé ou encore au Sénat et au sein de comités. Il continue aussi de représenter son pays à l'étranger, notamment à la 39e Session de l'Assemblée générale des Nations Unies en 1983.
La même année, le sénateur Pitfield préside le Comité spécial du Sénat sur le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), qui a pour mandat d'examiner le projet de loi établissant le SCRS. Dans son rapport, déposé à la suite d'un examen exhaustif de trois mois, le Comité souligne la nécessité de conserver un juste équilibre entre la sécurité et la protection des droits individuels, ce qui est particulièrement pertinent de nos jours. Le gouvernement ayant accepté un certain nombre des amendements proposés par le Comité, le projet de loi devient loi en juin 1984.
Partisan de longue date d'une réforme du Sénat, le sénateur Pitfield pense que celle-ci est à la fois souhaitable et faisable, pourvu que soient prises certaines précautions. Voici un résumé de ses idées sur la question :
En matière de réforme, le premier pas n'est presque jamais le dernier (...) Si l'on se concentre uniquement sur l'évolution et non sur les conséquences à plus long terme, on risque erreurs et chaos. Il est important également de respecter le génie d'un système lorsqu'on le développe ou qu'on y ajoute quelque chose, afin d'éviter de brusques changements d'orientation tout simplement parce qu'on le veut (...) Il est important de tabler sur ce qui existe et non sur ce qui nous paraît être idéal (...) Il est important de reconnaître ce qui est typiquement canadien afin d'éviter d'être séduit par ce qu'on peut emprunter discrètement aux systèmes étrangers tout simplement parce que cela semble fonctionner ailleurs. Un tel emprunt, en pratique, risquerait de fausser le fonctionnement de notre système de gouvernement.
Au cours de sa carrière au Sénat, le sénateur Pitfield fait partie de nombreux comités, s'exprime sur des questions d'envergure nationale, comme la Loi sur la clarté, enseigne à l'Université Queen's, au sein du programme de formation des cadres de la fonction publique, et aide les Canadiens à mieux comprendre le gouvernement fédéral et à y avoir plus facilement accès.
Renseignements personnels -------------------------
Peter Michael Pitfield voit le jour à Montréal le 18 juin 1937. Il est le fils cadet de feue Grace MacDougall et feu Ward C. Pitfield, fondateur de Pitfield, Mackay, Ross Ltd.
Même s'il satisfait aux conditions d'admission à l'université à l'âge précoce de 14 ans, il est trop jeune pour être admis dans une université canadienne. Il s'inscrit donc à l'Université St. Lawrence de Canton, dans l'État de New York, où il obtient un baccalauréat en sciences en 1955. Il est aussi élève-officier de l'Armée canadienne (Artillerie). Puis c'est au tour de l'Académie militaire de West Point, aux États-Unis, de lui ouvrir ses portes. Il va plus tard servir dans la Marine royale du Canada.
Il entre ensuite à la faculté de droit de l'Université McGill, où il décroche un baccalauréat en droit civil en 1958.
Pendant cette période montréalaise, il est actif dans les milieux universitaires et intellectuels qui vont être le ferment de la Révolution tranquille au Québec et de l'évolution de la vie politique dans les années 1960. Toute sa vie durant, ce fier Montréalais se pose en ardent défenseur du bilinguisme, de l'unité nationale et de la bonne entente entre les deux communautés linguistiques du Canada.
Les honneurs et les distinctions pleuvent sur M. Pitfield tout au long de sa carrière. En 1979, il se voit décerner un doctorat honorifique en littérature de l'Université St. Lawrence. Il est nommé conseiller de la Reine en 1972, compagnon de l'Ordre royal de Victoria, pour son travail relativement à la Constitution canadienne, en 1982, et membre du Conseil privé de la Reine pour le Canada en 1984.
De 1983 à 2003, il siège au conseil d'administration du Twentieth Century Fund à New York. Il est nommé vice-président de Power Corporation et administrateur de Corporation financière Power en 1984, fonctions qu'il occupe jusqu'en 2003, lorsqu'il devient administrateur honoraire de Power Corporation du Canada.
M. Pitfield consacre aussi durant sa vie beaucoup de temps et d'efforts à des causes se rapportant à la santé. Pendant près de deux décennies, il siège au conseil d'administration de l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa où, de 1994 à 2000, il occupe la fonction de président. En septembre 2003, l'Institut crée en son honneur la Chaire de chirurgie cardiaque Michael Pitfield.
En 2001, M. Pitfield devient président honoraire de la Société Parkinson du Canada. Cet honneur récompense le travail de sensibilisation qu'il a accompli depuis qu'on lui a diagnostiqué la maladie, à la fin des années 1980.
Sa plus grande source de fierté demeure cependant son mariage avec Nancy Elizabeth Snow, maintenant décédée, leurs trois enfants, Caroline (1973), Thomas (1975) et Kate (1978), et leurs trois petits-enfants.
Renseignements: Hazel Lachapelle, bureau du sénateur Pitfield, (613) 992-2784
Partager cet article