Comparaison Québec-Ontario : le marché du travail tourne à plein régime au Québec… mais le manque de travailleurs plombe l'horizon
MONTRÉAL, le 3 déc. 2019 /CNW Telbec/ - C'est un fait indéniable : l'économie québécoise performe exceptionnellement bien depuis trois ans. Avec une croissance annuelle moyenne supérieure à 2 %, un taux de chômage sous les 6 % et des surplus budgétaires importants, le Québec a réalisé des progrès notables comparativement à ses performances des 20 dernières années. Mais ces avancées suffisent-elles pour combler le retard historique que son marché du travail accuse sur l'Ontario? La province voisine a-t-elle connu une progression aussi remarquable? Pour répondre à ces questions, l'Institut du Québec (IDQ) a entrepris un important exercice de comparaison entre les deux provinces. En analysant près de 30 indicateurs de performance, d'inclusivité et d'adéquation, l'étude fait ainsi émerger deux tendances qui permettront de structurer le débat public sur l'emploi au Québec : (1) les progrès remarquables dans l'intégration de certains groupes au marché du travail, et (2) le défi persistant du manque de main d'œuvre et de la productivité.
Plus de jeunes, de femmes et d'immigrants sur le marché du travail
Au chapitre des bonnes nouvelles, le Québec est désormais champion du taux d'emploi des 25-54 ans. Alors qu'il a longtemps traîné de la patte en cette matière, le Québec surpasse aujourd'hui l'Ontario, notamment en raison de la participation significativement accrue des jeunes et des femmes au marché du travail. Non seulement le Québec a effectué un virage plus important que l'Ontario par rapport à sa propre tendance historique, mais la croissance qu'il a connue au cours des trois dernières années accentue son avance sur la province voisine.
Depuis trois ans, le Québec a également accompli des progrès remarquables en matière d'intégration des immigrants au marché du travail. Même si l'Ontario continue de mieux performer à ce chapitre, l'écart de taux de chômage entre les immigrants et les natifs a connu son plus bas niveau au Québec au cours des trois dernières années, avec 3,5 points de pourcentage (p.d.p.), alors qu'il s'élevait à près de 6 p.d.p. au début de la décennie. Bien que le taux de chômage des immigrants récents (moins de cinq ans) demeure plus élevé, l'écart avec les natifs s'est aussi amélioré de façon substantielle, passant à moins de 8 p.d.p. au cours des trois dernières années, comparativement à près de 13 p.d.p. au début de la décennie.
« Peu importe le groupe concerné - jeunes, femmes, immigrants, travailleurs expérimentés - le Québec a enregistré une forte croissance de leur taux d'emploi au cours des dernières années, affirme Jérôme Lussier, directeur associé à l'Institut du Québec. En ce qui concerne les femmes et les jeunes travailleurs, le Québec a même dépassé l'Ontario et continue de creuser son avance. Pour les immigrants et les travailleurs expérimentés, le Québec connaît une progression importante, même si l'Ontario préserve son avance. »
Moins de travailleurs, disparités régionales, et retard de productivité
À l'inverse, le déclin du bassin de travailleurs potentiels, combinée à une faible productivité persistante, constitue une menace pour l'avenir économique du Québec.
En effet, la population en âge de travailler croît de façon beaucoup moins marquée au Québec qu'en Ontario, et la population plus jeune est répartie beaucoup plus équitablement sur l'ensemble du territoire ontarien qu'au Québec, où elle est davantage concentrée dans la métropole. Au cours des trois dernières années, la population âgée entre 15 et 64 ans a diminué en moyenne de 0,1 % au Québec, alors qu'elle s'est légèrement accrue (+1,0 %) en Ontario. De plus, l'Ontario accueille proportionnellement plus d'immigrants, et les intègre mieux au marché du travail.
Les divergences régionales sont aussi importantes entre les provinces. Le bassin de main-d'œuvre potentielle et les emplois sont beaucoup mieux répartis en Ontario qu'au Québec : au cours des trois dernières années, 45 % des emplois nets créés en Ontario l'ont été en dehors de la grande région de Toronto, alors que seulement 12 % des emplois nets créés au Québec se retrouvaient à l'extérieur de la grande région de Montréal.
« Le déclin du bassin de travailleurs et la faible productivité ont de quoi inquiéter, souligne Jérôme Lussier. La population des 15-64 ans décroît au Québec depuis quelques années -- une première en 40 ans -- alors qu'elle augmente en Ontario. Et puisque la productivité du travail y progresse aussi plus rapidement, l'Ontario détient donc un triple avantage : un bassin de travailleurs en croissance, mieux réparti géographiquement, et des entreprises plus productives. »
Plusieurs secteurs d'activité peinent déjà à recruter des travailleurs. Au deuxième trimestre de 2019, le Québec comptait 140 000 postes vacants, soit le double d'il y a quatre ans. Le vieillissement de sa population exercera également une pression supplémentaire sur les finances publiques, notamment en santé. Le facteur démographique apparaît ainsi comme une limite importante pour la prospérité du Québec. À défaut d'inverser cette tendance, la croissance économique et la hausse du niveau de vie au Québec devront donc davantage reposer sur sa capacité à réaliser des gains importants de productivité.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport Si la tendance se maintient… Le marché du travail s'améliore au Québec, mais est-ce suffisant pour rattraper l'Ontario?
À propos de l'Institut du Québec
Issu d'un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l'Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. www.institutduquebec.ca | @InstitutduQC
SOURCE Institut du Quebec
Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
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